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gent, pour leur en avoir donné quand ils n’en avoyent point pour parachever le residu de leur voyage ; pour n’avoir fait si bonne composition avec les simples ; si, dis-je, pour avoir esté de cet humeur en cet indigne estat de volleur, je n’ay pas laissé d’estre prins, poursuivy et mené par les prevots, archers et sergens dans la ville de La Rochelle, où mon procez me fut faict, et moy condamné à estre rompu tout vif sur une roue12, que devez-vous estre donc, meurtriers inhumains, volleurs insignes, brigands et larrons, qui sans mercy et sans misericorde vollez et desrobbez tout ce qui se rencontre sous vos mains, qui mettez dehors des maisons les femmes pleurans et gemissans avec leurs petits enfans entre leurs bras, contraintes de s’en aller chercher ailleurs leur meilleure advanture avec un baston blanc en la main ; leurs pauvres maris en fuitte, contraints de renoncer à tout, aymant mieux souspirer leur malheur à l’ombre d’un buisson que vivre avec vous toute sorte de tyrannie, de felonnie et de barbarie ; et quelle pitié, frère, d’entendre aujourd’huy parler de vous en comparaison :

Guillery fut en sa jeunesse
Carabin remply de valeur ;


12. Il fut, en effet, rompu vif à Le Rochelle ; v. t. 1er, p. 300. La destruction de la bande de Guillery fut considérée comme un si grand bienfait pour les provinces ainsi délivrées que Henri IV accorda des lettres d’anoblissement à A. Legeay, l’un de ceux qui y avoient le plus contribué. Ces lettres ont été publiées par M. B. Fillon dans la Revue des provinces de l’ouest, nº de décembre 1856.