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à petit la ruine croissoit au lieu où estoient messieurs le comte de Soissons, d’Espernon, de Villeroi, Bassompierre, Biron, le marquis de Villaine et plus d’une vingtaine de seigneurs de qualité. Elle les emporta avec elle dans une salle basse, où à l’instant il s’esmeut un grand bruit par ceux qui estoient dans l’antichambre et dedans la basse court, pour ne sçavoir comme ce malheur estoit arrivé. L’un crioit : Où est la roine ? Un autre : Où est monsieur le comte de Soissons ? L’autre : Où est monsieur d’Espernon ? Et, tous l’espée haute, chacun parloit selon son sens et son affection ; et, pendant ceste grande rumeur, la royne se fust veue seule, abandonnée, et en grand peril de sa vie2, si le marquis de Rouillac3, le premier, ne fust couru à elle, et après luy monsieur de Vignolles4, lesquels, au lieu de faire comme les autres, qui ne pensoient qu’à se sauver, preferant le salut de Sa Majesté au leur particulier, aymans mieux mille fois mourir que si il luy fust mesarrivé. Ceux qui demeurèrent blessez furent messieurs d’Espernon5, fort legerement toutesfois, lequel en cet etat assista le premier et tant qu’il


2. Son fauteuil s’étoit trouvé heureusement placé sur une poutre qui tint ferme. (Mém. de Bassompierre, Collect. Petitot, 2e série, t. 20, p. 97.)

3. Neveu du duc d’Épernon. V. son Historiette dans Tallemant, édit. in-12, t. 9, et notre t. 4, p. 339.

4. V. sur lui plus haut, p. 118, note.

5. Il est dit dans l’Abrégé chronologique de l’Histoire de France, pour faire suite à Mézeray, 1727, in-12, t. 1, p. 180, que la reine mère s’empressa d’envoyer visiter tous les blessés, excepté M. d’Épernon. « Cette indifférence de