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ver le regiment des Gardes : procès solemnel, procès qui doit être jugé en robbe jaune, procès où il ne faut point mander huictaine d’advis ; procès qui sera jugé sur le champ, comme appert par l’histoire ; procès où les despens seront plus chers que le fonds dont il s’agit ; procès où il fera bon avoir des espices4, car plusieurs y seront poivrés ; en fin, c’est un procès dont on n’a jamais ouy parler, et le peut-on nommer le procès des procès.

Le mercredy qui estoit le jour dont la veille et le jeudy estoient distants de deux fois vingt-quatre heures, à laquelle journée arrivèrent à grand foule, le tambour sonnant et les enseignes desployées, les soldats des Gardes tant désirés à Paris, s’assemblèrent dans le fauxbourg Sainct-Germain grande quantité de femmes, soy disant coureuses5, vagabondes, regratteuses de, etc., le tout en très bel ordre, le cul devant et les mains derrière, les talons usez6, la chemise retroussée à l’endroit des manches, une serviette sous le bras (car c’est maintenant la coustume), les quelles, après avoir generallement desploré la triste fortune dont elles avoient esté agitées pendant l’absence de l’armée et durant le froid de


4. Sur ces épices, qui étoient alors les honoraires de la magistrature, V. notre t. 2, p. 179, note.

5. Sur ces filles du faubourg Saint-Germain, V. notre t. 1, p. 208, 219, note.

6. On disoit que ces dames avoient les talons courts et ne tomboient qu’en arrière :

Si fait bien Marion qui ne chet qu’en arrière…
Si f(Les Satyres du sieur du Lorens, 1624, in-8, p. 146.)