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on mettre, au respect de l’antiquité. Premièrement il n’y a rien de mieux vestu, de plus propre, de plus honneste, si bien avenantes que la plus part pourroient plus tost estre recogneus nobles ès compagnies, pour estre agreables dans leurs discours et entretiens, que bourgeoises et marchandes ; que outre que leurs grands biens sont cause qu’elles sont suivies de leurs filles, quy portent habit d’attente de noblesse, et quy n’espèrent rien moins pour leurs actions et leur gravité. Cela leur est commun, à aucunes la diversité des langues, presque à toutes la sagesse et le bon maintien.

Pour les mariages, ils sont tous autres que l’antiquité, soit pour le douaire ou la ceremonie. À present un simple marchand donne cent mille livres, tel bourgeois cinquante mille escuz, tel financier deux cens mille escuz34, ce quy est cause d’une suitte admirable en despence extraordinaire, en chevaux, carrosses, serviteurs, et pour les assemblées. Lors que les mariages se font, ce n’est que pompeux vestements, chaînes de diamant et toutes sortes de dorures, non empruntées ny louées comme à l’antiquité,


34. Il n’y a rien ici d’exagéré ; aussi les gens de cour s’accommodoient fort bien, à ce prix, des filles de financiers. « Le comte de Lude, gouverneur de la personne de Gaston, duc d’Orléans, étant blâmé d’avoir épousé une Feydeau, qui lui avoit apporté cent mille pistoles : « Je ne pouvois pas mieux faire, disoit-il ; poursuivi nuit et jour par mes créanciers, je me suis sauvé dans une boutique pour n’être pas traîné à l’hôpital. » (Amelot de La Houssaye, Mémoires hist., t. 3, p. 8.) — V., sur ce même mariage, notre t. 2, p. 140.