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qu’ils vous glissent, sans cesse, dans la main. »

Nachtigal sauva la vie à une jeune esclave que son bourreau, après avoir cruellement fouettée, parce qu’elle était tombée en défaillance, avait ensuite abandonnée sur la route déserte, dans l’espoir que les hyènes n’en feraient qu’une bouchée. Ayant un cheval assez vigoureux, il prit en croupe cette pauvre victime et l’amena avec lui à Kouka.

Cet infâme bandit portugais qui répondait au nom de Mariano, redevenu pourvoyeur des traitants de sa nation, balaya, sur des vingtaines de milles, la population de la vallée du Chiré[1].

Les rives devinrent désertes, les villages furent incendiés et détruits ; un silence de mort plana sur toute la région désolée. Les fugitifs défaillants tombèrent au bord des sentiers où l’on retrouvait leurs squelettes, « Des spectres effrayants, dont la taille laissait cependant entrevoir la jeunesse, filles et garçons, les yeux éteints, rampaient à l’ombre des cases désertes, dit Livingstone : quelques jours encore et tués par cette faim terrible, ils succomberaient comme les autres. »

Ailleurs, les brigands de Mariano avaient dépouillé les victimes de leurs vêtements ; les pau-

  1. Voyez page 134 et suiv.