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ler, & qu’en circulant elles chassent l’impureté des métaux, qui vient en écume aux bords de la coupelle. Cette écume coule par un conduit que l’on fait au bord de la coupelle, en l’échancrant en un endroit. On continue le vent du soufflet jusqu’à ce que l’argent ait paru de couleur d’opale, qui fait connoître que toute l’impureté a été chassée, & que l’argent est pur, c’est-à-dire, à 11 deniers 19 à 20 grains. Affinage au salpêtre, c’est quand on se sert d’un fourneau à vent ; on y met un creuset ; on le charge d’environ 40 marcs de matière d’argent, puis on le recouvre, & on charge le fourneau de charbon. Quand la matière est en bain, on jette deux ou trois onces de plomb dans le creuset ; on brasse bien la matière en bain ; puis on retire le creuset du feu ; on verse ensuite cette matière par inclination dans un bacquet plein d’eau commune, pour la réduire en petits grains, qu’on appelle Grenaille, &c. Après lui avoir donné trois feux, on laisse refroidir le creuset sans y toucher, on le retire, ensuite on le casse, & on y trouve un culot dont le fond est d’argent fin, & le dessus de crasses de salpêtre, avec l’alliage de l’argent, &c. Voyez le Traité des Monnoies de Boizard, C. 20.

Pain ou plaque d’affinage. C’est lorsque dans l’affinage au plomb on ne retire point avec la canne l’argent en coquillons ; mais qu’on le laisse se fixer dans la coupelle en forme de pain plat, qu’on appelle pain ou plaque d’affinage. Boizard. Les affinages de matières d’or se font avec l’antimoine, ou avec le sublimé, ou avec l’eau forte. Cette dernière manière d’affiner est appellée Départ d’or. Il y a encore en termes de Monnoie, l’affinage de casses ou de coupelles, & des glettes ou litharges, qu’on est obligé d’affiner ; parce qu’il reste toujours quelque partie d’argent dans les casses qui ont servi aux affinages, & qu’il en reste aussi parmi les glettes ou impuretés qui ont coulé des casses, & qu’on ne peut retirer ces parties d’argent qu’en affinant les casses & les glettes. Idem. Cet Auteur décrit tous ces différens affinages dans son Tr. des Monn. C.20 & 21.

Affinage, se dit aussi de l’adresse que l’on a eue de rendre certaines choses plus fines & plus déliées. L’affinage du ciment, que l’on appelle Royal, est variable & incertain.

AFFINEMENT. s. m. C’est de même l’action d’affiner ; mais il se dit mieux des métaux. L’affinement de l’or se fait en plusieurs manières.

AFFINER. v. a. Rendre plus pur, plus fin, plus excellent, & de plus haut prix. Purgare, expurgare. On affine l’or & l’argent par la coupelle, par l’inquart, par la cémentation, par les eaux fortes. Voyez l’explication de ces mots à leur ordre. Les autres métaux s’affinent par une fusion réitérée. Comme le feu affine l’or, ainsi l’adversité éprouve la fidélité d’un ami. St. Evr.

Affiner le sucre. C’est le faire fondre, bouillir & écumer. Purgare, perficere. Affiner le fromage, c’est le mettre à la cave avec du foin & de la lie, pour le rendre plus fort & plus piquant. Caseum acriorem, mordaciorem fingere, vini fæce imbuere, inficere, macerare.

Affiner, se dit aussi du ciment, & c’est le rendre plus fin, plus délié, & le réduire en une poudre presque impalpable. Intritam tenuissimum in pulverem redigere.

Affiner, est aussi un terme de Relieur, & signifie, renforcer. Stipare, subigendo stingere. Affiner du carton.

Affiner, est aussi un terme de Cordier, & signifie, passer le chanvre ou le lin par l’affinoir, c’est-à-dire, par plusieurs peignes de fer dont les dents vont toujours en augmentant de finesse, pour le rendre meilleur & plus fin. Canabim aut linum tenuissima in fila ducere.

Affiner, se dit aussi figurément en Morale des niais, qu’on rend plus fins, en leur faisant quelque tromperie. , ou Cautum reddere, deludere, illudendo erudire. Il a voulu jouer contre ce filou, il a été affiné. Les plus subtils sont tous les jours affinés.

On dit en termes de Marine, que le temps affine ; pour dire, que l’air s’éclaircit, & que le temps devient plus beau. Alors il se prend dans un sens neutre. Dies aperitur, clarescit, redit serenitas.

Affiner, autrefois vouloit dire Tuer, mettre fin à la vie.

Achilles le Preux combatable
Avoit été si destiné,
Qu’il ne pouvait être affiné.
Fors par la plante seulement. Ovide. Ms. cité par Borel.

Affiné, ée. part. Purgatus, expurgatus, &c.

AFFINERIE. s. f. C’est un terme de gens qui travaillent


aux forges. Il signifie une espèce de petite forge, où l’on tire le fer en fil d’archal. Fabrica tenuando in fila ferro apta, apposita. Porter le fer à l’affinerie.

Affinerie, signifie du fer rafiné & mis en rouleaux, pour faire divers ouvrages. Ferrum in laminas tenuatum. J’ai fait venir, j’ai acheté, j’ai employé un millier d’affinerie.

AFFINEUR. s. m. Celui qui affine. Auri, vel argenti, vel ferri excoquendi, purgandi, artifex. Il y a des officiers de la Monnoie qui ont le titre d’Affineurs pour l’or & pour l’argent. Tous les Affineurs se doivent retirer dans les Hôtels des Monnoies par les règlemens de l’an 1555, & il leur est défendu de travailler ailleurs. Il y a des Affineurs dans les sucreries pour affiner & écumer le sucre.

Affineur, se dit aussi de ceux qui travaillent aux forges de fer, & signifie l’ouvrier qui affine le fer dans l’affinerie. Qui ferrum ducit, tenuat in fila.

AFFINITÉ. s. f. Liaison qui se fait entre deux maisons, ou familles, par le moyen d’un mariage. Affinitas. c’est-à-dire, que l’affinité se contracte entre le mari, & les parens de sa femme ; & réciproquement entre la femme, & les parens de son mari. Ainsi l’affinité n’est pas une véritable parenté ; mais à cause de l’étroite liaison qui est entre le mari & la femme, la parenté devient commune. Le Lévitique a marqué certains degrés où l’affinité est un obstacle au mariage. C’est au Ch. XVIII. Il y en a trois. 1° Un frere ne pouvoit pas épouser sa belle-sœur ; c’est-à-dire, la veuve de son frere, Lev. XVIII, 16, à moins que le frere mort n’eût point laissé d’enfans ; car en ce cas, non-seulement il étoit permis, mais il étoit ordonné, sous peine d’infamie, à un frere d’épouser la veuve de son frere, comme on le peut voir au Deut. XXV, 5. 2° Le beau-pere ne pouvoit épouser la fille de son beau-fils, ou de sa belle-fille ; c’est-à-dire, du fils ou de la fille de sa femme. Lev. XVIII, 17. 3° Il n’étoit pas permis d’épouser sa belle-sœur ; c’est-à-dire, la sœur de la femme, pendant que celle-ci vivoit encore ; c’est à-dire, qu’il n’étoit pas permis d’avoir en même tems pour femmes les deux sœurs. Lev. XVIII. 18. Avant la Loi le dernier point n’étoit pas défendu, comme il paroît par l’exemple de Jacob. Sorus, Valquez, & d’autres encore, que l’on peut voir dans Banacina, T. 1, q.3, de Matrim. p. 12, n. 7, prétendent que le droit naturel ne défend le mariage cum affini qu’au premier degré. Quoiqu’il en soit, il est clair par le premier article, selon la remarque de Tirin, que tous les degrés d’affinité prohibés par la Loi de Moyse, n’étoient pas défendus par la loi naturelle. On ne trouve rien dans l’ancien Droit Romain qui regarde la défense des mariages à cause de l’affinité. Papinien est le premier qui en ait parlé à l’occasion du mariage de Caracalla. Les Jurisconsultes qui vinrent après lui, étendirent si loin les liaisons d’affinité, qu’ils mirent l’adoption au même point que la nature. Les Chrétiens, qui ne voulurent pas être surpassés par les Païens dans les égards pour la bienséance, & l’honnêteté des mariages, introduisirent un troisième genre d’affinité qui n’étoit point encore connue. Les Canonistes ont donc distingué trois espèces d’affinité. La première se contracte entre le mari & les parens de sa femme ; & entre la femme & les parens de son mari. La seconde, entre le mari, & les alliés de sa femme, & entre la femme, & les alliés de son mari. Enfin, dans le IVe Concile de Latran tenu en 1213, on traita à fonds la matière de l’affinité. On trouva qu’il n’y avoit que l’affinité du premier genre, qui produisît une véritable alliance, & que les deux autres espèces d’affinité, n’étoient que des raffinemens qu’il falloit abroger. C’est ce qui fut fait dans le fameux Chapitre Non debet, au titre De Consang. & Affin. Quelques-uns prétendent que cette abrogation du deuxième & du troisième genre d’affinité ne se doit entendre que de la ligne collatérale, & non pas de la ligne directe. Quoi qu’il en soit, il est certain que les récusations des Juges ont lieu jusqu’au quatrième degré d’affinité, suivant l’Ordonnance. De même l’affinité est un empêchement au mariage jusqu’au quatrième degré inclusivement. Mais il faut remarquer qu’il s’agit d’une affinité directe, & du premier genre ; & qu’elle ne s’étend pas jusqu’à ceux qui ont de l’affinité avec les personnes avec qui j’ai de l’affinité : Affinis mei affinis, non est affinis meus. Enfin, il faut encore remarquer, que cet


empêchement