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ADI ADI

Iris, lorsqu’il me faut retirer de chez vous.
Plus de vingt fois en un quart-d’heure,
Je dis adieu, puis je demeure. La Sabl.

Adieu, est quelquefois un s. m. Un tendre adieu déchire le cœur d’un amant bien touché. S. Evr. Il s’emploie élégamment au pluriel. Rien n’étoit plus touchant que leurs tristes adieux. Portez-lui mes adieux, & recevez les siens. Racine. Il n’eut pas la force de recevoir des adieux si tendres, sans être attendri lui-même. Bouh. Xav. I. III.

On dit populairement, Adieu jusqu’au revoir : Sans adieu, pour marquer qu’on se reverra bien-tôt. Je ne lui veux dire que bon jour & adieu ; pour dire, je ne lui veux dire qu’un mot.

Adieu, se dit aussi des choses chéries qui passent, & qui nous échappent. Valedicere. Dès que la S. Martin est venue, adieu les beaux jour. Quand on a passé 60 ans, il faut dire, Adieu la joie & les plaisirs.

On dit aussi, Dire adieu au vin, au jeu, aux femmes, à la débauche, au commerce, & au monde ; pour dire, y renoncer, se retirer des choses pour lesquelles on avoit de l’attachement. Renuntiare, Nuntium remittere. En ce cas il marque de la tendresse & du regret. Se dire adieu pour jamais : se dire un éternel adieu : se dire le dernier adieu : cela marque une longue séparation, & une résolution, ou une nécessité, de ne se revoir jamais.

Adieu, je vais, le cœur trop plein de votre image,
Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage.

Rac
.

Adieu, est aussi un terme de commandement, de chagrin, ou de refus, lorsqu’on chasse, ou congédie quelqu’un. Adieu, vous m’importunez trop. Apage te. Adieu, en voilà assez ; j’entends votre affaire.

Il se dit encore d’une personne, ou d’une chose qui est en péril. Actum est. Si la fiévre redouble, adieu le bon homme. Si vous vous engagez dans le monde, adieu l’étude, & les sciences. Si vous laissez approcher cet étourdi, adieu mes porcelaines. Cette façon de parler n’est en usage que dans la conversation.

On dit proverbialement, adieu la voiture, adieu vous dis, c’est fait de lui ; pour dire, qu’un homme se meurt, qu’il est perdu. Adieu paniers, vendanges sont faites ; pour dire, qu’on n’a plus besoin de certaines choses, quand la saison où l’on s’en sert est passée. Adieu mon argent, adieu mes espérances ; pour dire, qu’on a perdu son argent, ses prétentions.

On dit en termes de Marine, adieu va, ou parez à virer, pour avertir l’équipage, afin qu’il manœuvre de concert, lorsqu’on veut faire virer le vaisseau pour changer de route.

ADIGÉ. s. f. Athesis. Rivière d’Italie, qui prend sa source au mont Brennet, dans le Tirol, & après avoir passé le Trentin & le Véronnois, se jette dans la mer Adriatique, au midi de la côte de Venise, & au nord de l’embouchure du Pô.

ADIMION. s. m. Terme de Fleuriste. C’est une tulipe amaranthe, avec un peu de rouge & de blanc de Lait.

ADIMAIN. s. m. Animal privé, qui ne se trouve que dans les déserts de la Lybie. Il ressemble au mouton. Il porte une laine courte & très-fine. Il n’y a que la femelle qui ait des cornes. Il a les oreilles fort longues & pendantes. C’est tout le bétail de Lybie, qui fournit aux habitans quantité de lait & de fromage. C’est un animal fort paisible, qui se laisse monter aux enfans, & les porte sur son dos plus d’une lieue ; il est aussi grand qu’un moyen veau. Ablanc. Traduct. de Marmol. Voyez encore Jean Léon l’Africain, Descript. de l’Afrique. P. IX.

ADJOINDRE. v. act. Donner un collègue, associer quelqu’un pour servir d’aide & de conseil, & quelquefois de contrôleur dans une affaire, ou dans une négociation importante. Adjungere. On dit, Adjoindre à un rapporteur deux évangélistes, lorsqu’il rapporte un procès, pour examiner l’inventaire & les pièces.

Adjoint, ointe. ADJOINT, part.

ADJOINT. s. m. Celui qui est joint avec un autre pour lui aider dans son ministère, ou pour en partager les fonctions, ou pour prendre garde à ses actions. Socius, Collega. Ce Syndic ne sauroit rien conclure seul ; il faut négocier avec son Adjoint. On a créé en titre d’office des Adjoints aux enquêtes, pour être présens à la confection des enquêtes avec le Juge commis pour la faire. Le Syndic des Imprimeurs & Libraires a aussi ses Adjoints.

Adjoints, en termes de Rhétorique & de Grammaire, se


dit des mots, ou des choses qu’on joint à d’autres pour en augmenter la force, ou pour amplifier le discours : comme les mots adjectifs, ou les épithètes sont adjoints aux substantifs, pour marquer leur nature & leurs qualités. Adjuncta. En Rhétorique on appelle particulièrement adjoints, adjuncta, les lieux communs où l’on peut puiser les argumens : toutes les circonstances d’où naissent les preuves du fait.

ADJONCTION. Il ne se dit qu’en pratique du Palais. On conclut toutes les requêtes de plaintes en matière criminelle, en demandant l’intervention, & en requérant l’adjonction de M. le Procureur-Général, du Procureur du Roi, ou du Procureur Fiscal. Subscriptio.

ADJOURNEMENT. Voyez Ajournement.

ADJOURNER. Voyez Ajourner.

ADJOUSTER, ou ADJOUTER. Voyez Ajouter.

ADJOUSTÉE, ou ADJOUTÉE. Voyez Ajoutée.

ADIPEUX, euse. adj. Terme de Médecine, qui signifie gras. Pinguis, Obesus. Il se dit particulièrement d’un rameau qui sort d’un tronc de la veine cave, qui est un des cinq rameaux iliaques, qui va à la tunique extérieure des reins, parce qu’il est environné de graisse. La membrane appelée pannicule, est adipeuse dans l’homme, & charneuse aux bêtes. Cette membrane est la base des cellules adipeuses. Cellulæ adiposæ. Elle est double, & peut se diviser en deux parties ; l’une intérieure, dans laquelle sont plusieurs petites cellules pleines de graisse ; l’autre extérieure, que les Anatomistes ont confondue avec la membrane charneuse, parce qu’elle a un grand nombre de vaisseaux sanguins. Harris. C’est dans les espaces des fibres de la membrane adipeuse, ou graisseuse, & dans les petites cellules qu’elle forme, que la graisse s’embarrasse & se fige. Les membranes adipeuses sont le troisième des tégumens qui couvrent & environnent le corps. Dionis. Le même auteur appelle aussi la membrane des reins, adipeuse. Les conduits adipeux. Adiposi ductus. C’est ainsi qu’on nomme les sacs, ou vésicu|les adipeuses, qui portent l’adeps, ou la graisse dans les interstices des muscles, ou dans les parties entre chair & cuir. Id. Ce mot vient du Latin adeps, graisse.

ADIRER. v. a. Ancien terme de Palais. Egarer quelque titre ou papier. Amittere. Cette pièce étoit le fondement de mon procès, le malheur a voulu qu’elle ait été adirée. Adirer les pièces d’un procès. Il vaut mieux se servir d’égarer. Dans une ancienne inscription de l’Eglise du Saint Sépulcre de Rouen, le mot adirer signifie laisser tomber. Ici adira le Prestre le Cors Nostre Seigneur. Voyez la Descrip. Geogr. & Hist. de la haute Norm. tom. II. p. 123.

Quelques uns dérivent ce mot de aderrare, qui a signifié autrefois aberrare à via. Il y a plus d’apparence, disent quelques autres, qu’il vient de, trouver à dire, qui signifie manquer. Mais peut-être trouver à dire vient-il lui-même d’adirer.

Adiré, ée. part. Querelles des choses adirées. Cout, Ancien, de Normand.

De la cuillé qu’il a trouvée
Qu’ils ont au manger adirée. Roman de Rou.

Adiré, ée. Perdu, égaré. Amissus. Ce même participe signifie encore, rayé, effacé. Son nom est addiré de l’Etat des Officiers.

ADIRES. Les petits animaux que l’on appelle en Espagne, Adires, sont une espèce de chiens de Barbarie. Ces animaux sont fins & rusés naturellement, ensorte qu’il seroit bien difficile de les attraper, s’ils n’étoient voraces & goulus, ou pour mieux dire, si étant poussés par la faim, ils n’entroient dans les maisons qu’ils trouvent ouvertes:quand ils y rencontrent quelque chose à manger, ils font des cris pour appeler les autres, & ne songeant point à se cacher avec la même ruse dont ils savent si bien se servir dans toutes les autres occasions, se trahissent eux-mêmes, & se font prendre. Les adires (de Perse) sont plus grands que ceux de la même espèce que nous avons vus à Goa, car ils sont aussi forts qu’un grand chien couchant. Mais ceux du pays (c’étoit à Schiras) nous assuroient que ceux qui se retirent dans les jardins & dans les buissons plus éloignes de la ville, sont beaucoup plus grands. Les chiens n’osoient attaquer ces adires ; & ces adires ne manquoient jamais d’éviter la rencontre d’un gros dogue qu’on lâchoit contre-eux. Ils sont la plûpart de même couleur que ceux de Goa, & il y en a qui sont à demi-blancs, la couleur se rapportant à celle des chiens, avec lesquels, ils se mêlent, dit-on, naturellement ; ce que néan-


moins