le dit point en ce sens là. Grace actuelle, c’est la grace que Dieu donne pour agir, pour faire une action. Grace habituelle, c’est la grace sanctifiante, l’habitude de la charité, une habitude inhérente en nos ames, & qui les rend agréables à Dieu, & dignes de la récompense éternelle. Péché actuel, c’est le péché que l’homme adulte commet par sa propre volonté. Péché originel, c’est celui que nous contractons par origine, comme enfans d’Adam.
ACTUELLEMENT, adv. Véritablement, effectivement, d’une manière réelle & actuelle. Reipsa, Reapse. Il l’a payé actuellement en deniers comptans. Il a toujours été à Paris, & il y est encore actuellement. Ces Casuistes indulgens ont déchargé les hommes de l’obligation d’aimer Dieu actuellement. Pasc. Selon quelques-uns, actuellement, dans sa première & plus ordinaire notion, signifie présentement. Les troupes sont actuellement en marche.
ACUDIA, s. m. Est un petit animal des Indes Occidentales ; il est fait comme un escargot, & un peu plus petit qu’un moineau. Il sert à éclairer pour écrite, peindre, & faire d’autres ouvrages pendant la nuit. Il a deux étoiles proche des yeux, & deux autres sous les ailes qui rendent une grande clarté. Si quelqu’un se frotte la main ou le visage avec quelque humidité qu’il a dans ces étoiles, il paroîtra tout brûlant tant que cette humidité durera. Les Indiens s’en servoient pour s’éclairer ; car avant l’arrivée des Castillans ils n’avoient point l’usage des chandelles de suif, ni de cire. Herrera.
ACUITZE-HUARIACUA, s. m. Plante considérable des Indes Occidentales. Ses feuilles sont semblables à la porelle, & sortent de la racine même. Ses tiges sont rondes & tendres, de la hauteur de 4 à 5 pouces. Au sommet de ses jettons naissent de petites fleurs, d’un blanc rougissant, assemblées en rond. Sa racine est ronde, blanche en dedans, jaunâtre en dehors. Cette plante croît dans les climats tempérés, ou un peu chauds, & dans les lieux plats & humides. On se sert, principalement en Médecine, de sa racine, qui est d’une nature tempérée, ou un peu plus froide & plus humide que chaude & sèche, & qui est d’un goût doux & agréable. Son suc, ou la liqueur qui en découle, appaise l’ardeur de la fièvre & fortifie le cœur. C’est un contrepoison très-présent & très-sûr. Il résiste aux piqûres venimeuses, principalement à celles du scorpion. Sa racine, surtout, broyée & appliquée en emplâtres, a beaucoup de force. Outre cela, cette plante appaise les douleurs des reins, tempère l’acrimonie des urines, modère les douleurs de poitrine, donne de l’appétit, guérit les tumeurs qui naissent à la gorge ; c’est même un remède contre toutes sortes de maladies, de quelque manière que l’on en use, si l’on en croit Hernandez dans son Histoire des Plantes du Mexique, L. vii. C. 53. d’où ceci est tiré. Cet Auteur dit que cette plante croît chez les Michuacanoix ; qu’on lui donne encore d’autres noms : que quelques uns l’appellent Chipa huacaiztic, à cause de ses qualités froides, & de la blancheur de sa racine ; que d’autres la nomment Huichocataqua. Il ajoute qu’il a encore oui parler d’une autre espèce d’Acuitze-huariacua, que les gens du pays nomment Uquiro, & d’autres Scorsonere ; mais qu’il ne l’a pas vuë.
ACUT. s. m. & adj. Terme d’Imprimerie, qui se dit d’un caractère marqué d’un accent aigu. Littera accentu acuto notata. Un é acut est l’é fermé ou masculin, comme dans le mot probité, qu’on est obligé de marquer ainsi, pour le distinguer de l’e féminin.
ACUTANGLE. adj. m. & f. Il se dit des triangles, dont les trois angles sont aigus. Quand un triangle a les trois angles aigus, il s’appelle acutangle ou Oxygone. Le P. Pardies.
ADAD, ou ADOD. s. m. Adadus. Nom d’une Divinité des Assyriens. Macrobe, qui en a passé au Ch. 18 de son premier Livre, dit que ce nom signifioit, un. Il s’est trompé : un en Assyrien se disoit בדא bhada, & non pas בדד bhadad qui signifioit plutôt aigu. Quelques uns croient que c’étoit un Dieu, & qu’on lui donnoit pour femme Adargatis, ou Athergaris. Selden, de Diis Syr.synt. t. i. prétend qu’Adad étoit le soleil ; que ce nom ne marque mal pas les cris, ou les exhortations, les excitations de gens qui exhortent, celcusma hortantium ; & qu’il pourroit bien avoir du rapport avec les cris des enfans, dans les sacrifices du Moloch. Il dit encore qu’il est différent de Ada, qui est du féminin, & qui pourroit bien être la même Déesse qu’Athergaris, ou Derceto. Quelques-uns ont dit que ce Dieu Adad étoit Adad Roi de Syrie, dont Josephe parle dans le ix. Livre de ses Antiquités, C. 2. où il dit qu’Adad & Azaèl qui lui succéda, après l’avoir étouffé, sont honorés comme des Dieux par les Syriens, surtout à Damas.
ADAGE. s. m. Proverbe, sentence populaire, & commune. Adagium. Il n’est en usage qu’en ces phrases. Les Adages d’Erasme. C’est un vieil Adage. Autrement on ne le dit qu’en badinant, ou pour mépriser un ouvrage chargé de vieux proverbes. Ce mot vient de ad & agor, dit Scaliger ; quod agatur ad aliud signandum, parce qu’on en use pour signifie autre chose.
ADALBAULD. s. m. Nom propre, Adalbaldus. S. Adalbauld étoit de la race de Dagobert. Chast. 2. Fév.
ADALBERT, ou ADELBERT. s. m. Voyez Albert.
ADALIDE. s. m. Adalis. Les Adalides sont en Espagne des Officiers de Justice pour les troupes. Rodrigue de Tolède ; les loix du Roi Alphonse, & Grégoire Lopez en parlent Suivant les Loix d'Alphonse, les Adalides sont des Officiers qui sont chargés de conduire les troupes dans leurs marches en tems de guerre, Lopez dit que les Adalides jugent les différens qui arrivent au sujet des courses qu’on fait dans le pays ennemi, du partage du butin, & de la restitution des choses qui se perdent : c’est encore aux Adalides à mettre pendant le jour des sentinelles qui les avertissent de tout.
ADAM. s. m. Adam, æ ; Adamus. Ce nom est purement Hébreu. Dieu lui-même semble en marquer l’origine, Gen. III 19, lorsqu’il dit au premier homme : Vous mangerez votre pain à la sueur de votre corps, jusqu’à ce que vous retourniez à la terre, en Hébreu el haadama ; car c’est d’elle que vous avez été pris. Cependant on varie sur l’étymologie & le sens de ce nom. La plus commune opinion est que ce nom vient de אדמה, Adama, terre, & qu’il signifie terrestre ; de là vient que les Peres Grecs l’interprêtent γήινος ou χοικὸς. D’autres veulent qu’il signifie rouge, du verbe Hébreu אדם, Adam, être rouge, parce que la couleur de l’homme & de sa chair est rougeâtre. D’autres joignent ces deux opinions, & disent qu’Adam signifie, celui qui est pris d’une terre rouge, & qui pour cela est appelé rouge, aussi bien que la terre dont il est formé. Ludolf. Hist. d’Etiop. L. i. C. 15, croit qu’il signifie beau, parfait ; parce qu’en Ethiopien il a cette signification. Un Protestant d’Allemagne, nommé Neuman, prétend que la véritable racine de ce nom est דם, dam, verbe primitif, qui signifie acquiescer, être content, &, répond aux mots Allemands, ruhen, geruen, behuren ; qu’ainsi אדם, Adam, nom dérivé de ce verbe, signifie une chose à laquelle on acquiesce, qui fait plaisir, qui donne du contentement, qui est agréable ; que c’est pour cela qu’on a appelé le rouge, Adam, en Hébreu, comme la couleur qui plaisoit le plus ; & qu’au contraire les Arabes appellent le blanc, Adam, parce que le blanc est la couleur qui leur plait davantage ; que c’est encore pour cela que dans l’Ethiopien, Adam signifie, beau, agréable. Ainsi אדם, Adam, selon cet Auteur, signifie repos, acquiescement ; & la terre a été appelée adama, parce qu’elle est en repos, & que dans la division des élémens elle est allée à l’endroit le plus bas, où elle persiste en repos : Utpotè quæ nihil aliud est nisi quiescens semper athmosphæræ hujus, totiusque universi sedimentum, quod in prima rerum divisione ima petiit, & cui hodie omnia modo debito confirmata acquiescunt. Pour le premier homme, il a été appelé Adam, c’est-à-dire, beau, agréable aux yeux de Dieu, conforme à Dieu, qui acquiesça à cet ouvrage de ses mains, & en fut content ; & parce qu’après l’avoir fait, Dieu se reposa. Mais tout cela n’est qu’une subtilité outrée. L’écriture marque le sens & l’étymologie de ce mot, comme je l’ai dit, Gen. III, 19 & encore II. 7, où elle dit que Dieu forma Adam d’argile, & de l’haadama, c’est-à-dire, de la terre. Car c’est ainsi mot à mot que l’Hébreu s’exprime ; & ce jeu de mots, cette allusion de adam & adama, semble n’être faite que pour nous marquer le sens du nom Adam, & la raison pour laquelle il fut donné au premier homme. Voyez encore S. Paul, Cor. xv.47.
Les Grecs célèbrent le 4 de février, par une espèce de deuil, & de cérémonies tristes, le bannissement d’Adam & d’Eve du Paradis terrestre ; apparemment parce que c’est le premier jour auquel l’Eglise fasse souvenir les fidèles de la sentence portée contre Adam, en leur mettant de la cendre sur la tête, & leur disant : Souvenez-vous, ô homme ! que vous êtes poussière, & que vous retournerez en poussière. Car le 4e de Février est le jour des Cendres quand Pâque est le 22 Mars. Les mêmes Grecs célèbrent la mémoire d’Adam & d’Eve, & des autres Justes, le Dimanche qui précède la Nativité de N. S. Voyez leurs Ménologes, & Bollandus, Fév. T. i. p. 440.
Adam, dans l’Ecriture, est aussi le nom de l’espèce, & signifie en général ’Homme. Gen. V, 2. Dieu les créa mâle & femelle, & appela leur nom ’Homme. Genev. & Lovan. En Hébreu Adam. Créons l’homme à notre image. Sacy.
Le second Adam, ou le second homme, dans S. Paul, c’est Jésus-Christ. i. Cor. xv, 45. Adam le premier homme a été créé avec une ame vivante, & le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant, v.47. Le premier homme est le terrestre formé
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