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— XVII —

Ferrante Palla, le tribun sauvage amoureux des belles mains blanches, un personnage de fantaisie sans doute, un personnage à la Walter Scott ; mais comme il saisit l’imagination !

Quelle admirable galerie d’originaux ! En deux traits, Stendhal a donné à chacun d’eux une physionomie si particulière et les a peints si vivants, si criants de ressemblance, qu’on croit les reconnaître, et qu’ils laissent dans l’esprit un souvenir inoubliable.

Et quand je me sers du mot de galerie, j’ai tort. Une galerie suppose des portraits rangés le long de la muraille et qu’on regarde l’un après l’autre. Tous ces personnages s’agitent à la fois et se mêlent à une des actions les plus compliquées à la fois et les plus claires qu’un romancier ait jamais imaginées.

Ici nous pouvons répéter avec Balzac « qu’il a fallu du génie pour créer les incidents, les événements, les trames innombrables et renaissantes au milieu desquelles se déploie le caractère du comte de Mosca. Quand on voit, s’écrie-t-il, que l’auteur a tout inventé, tout brouillé et tout débrouillé, comme les choses se brouillent et se débrouillent dans une cour, l’esprit le plus intrépide, et à qui les conceptions du roman sont le plus familières, reste étourdi, stupide, devant un tel travail. »