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Stratagème XVIII
Interrompre et détourner le débat

Si nous nous rendons compte que l’adversaire a entrepris une série d’arguments qui va mener à notre défaite, il ne faut pas lui permettre d’arriver à conclusion mais l’interrompre au milieu de son argumentation, le distraire, et dévier ce sujet pour l’amener à d’autres. On peut utiliser un mutatio controversiæ[1].



Stratagème XIX
Généraliser plutôt que de débattre de détails

Si l’adversaire nous défie expressément de mettre à mal un point particulier de son argumentation mais que nous ne voyons pas grand-chose à y redire, nous devons tenter de généraliser le sujet puis de l’attaquer là dessus. Si on nous demande d’expliquer pourquoi on ne peut pas faire confiance à une certaine hypothèse physique, nous pouvons invoquer la faillibilité de la connaissance humaine en citant plusieurs exemples.


Stratagème XX
Tirer des conclusions

Lorsque nous avons postulé nos prémisses et que l’adversaire les a admises, il faut s’abstenir de lui demander de tirer lui-même conclusions et le faire soi-même immédiatement. Et même s’il manque une prémisse ou deux, nous pouvons faire comme si elles avaient été admises et annoncer la conclusion. Il s’agit d’une application du fallacia non causæ ut causæ.



Stratagème XXI
Répondre à de mauvais arguments par de mauvais arguments

Lorsque l’adversaire use d’un argument superficiel ou sophistique, et que nous voyons à travers, il est certes possible de le réfuter en exposant son caractère superficiel, mais il est préférable d’utiliser un contre argument tout aussi superficiel et sophistique. En effet, ce n’est pas de la vérité dont nous nous préoccupons mais de la victoire. S’il utilise par exemple un argumentum ad hominem il suffit d’y répondre par un contre argumentum ad hominem (ex concessis). Il est en général plus court de procéder ainsi que de s’établir la vérité par une longue argumentation.



Stratagème XXII
Petitio principii

Si notre adversaire veut que nous admettions quelque chose à partir duquel le point problématique du débat s’ensuit, il faut refuser en déclarant que l’adversaire fait un petitio principii. L’auditoire identifiera immédiatement

  1. (voir stratagème XXIX).