Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est donnée celle de l’identité de l’idéal et du réel ou de l’absolu, la science des grandeurs dont ils sont le principe, quoique s’appliquant au monde sensible qui réfléchit l’existence absolue, est absolue dans sa forme.

La connaissance mathématique, en effet, n’a pour objet ni l’abstrait pur, ni le simple concret, mais l’abstrait dans le concret. Aussi, la construction mathématique ou la démonstration consiste à exposer le général et le particulier comme identiques. Cette identité se révèle de deux manières : 1° Toutes les constructions géométriques ont pour essence la même forme absolue, et toutes découlent au fond de la même idée ; 2° Chaque figure particulière, triangle, carré, cercle, etc., étant identique à tous les triangles, carrés de même espèce, est donc à la fois particulière et générale, unité et universalité. Ici l’essence et la forme se confondent. Il y a même équation parfaite entre la pensée et son objet : le sujet et l’objet de la connaissance sont identiques.

Ainsi, dans les mathématiques, l’opposition qui réside, dans le savoir ordinaire, entre le réel et l’idéal, le particulier et le général, est complètement effacée. La pensée est adéquate à l’être, l’idée à son objet; l’évidence mathématique repose sur cette unité. Or, la conception de cette identité est une opération supérieure de la pensée, une haute intuition : c’est l’intuition intellectuelle. (Voy. l’extrait, p. 320.)

De là Schelling déduit l’importance et la dignité des