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en elle. Cependant, en définitive (cela peut encore se comprendre immédiatement), cette existence finie n’existe que pour nous, et nécessairement n’existe que dans son rapport et son opposition avec quelque chose d’infini. Mais cet infini, que nous pouvons aussi nommer l’idéal, n’est d’aucune façon limité, et ne peut l’être. Le fini, au contraire, n’est toujours et à l’infini que quelque chose de déterminé.

Par là est posée, en même temps, l’opposition de l’idéal et du réel, de l’infini et du fini, dans la conscience même ; car puisque l’infini, dont l’expression est l’idée abstraite, contient toujours plus que le fini, dont l’expression immédiate est l’objet, il est nécessaire que tous deux, puisqu’ils sont corrélatifs, soient opposés entre eux.

On peut affirmer d’avance de toute prétendue philosophie qui ne mérite pas ce nom, qu’elle reste dans cette opposition, quelles que soient les formes sous lesquelles celle-ci se présente.

La géométrie et les mathématiques, au contraire, sont tout à-fait en dehors de cette opposition. Ici, la pensée est toujours adéquate à l’être, l’idée à l’objet, et réciproquement. On ne peut même pas se demander si ce qui est vrai et certain dans la pensée, l’est aussi en réalité ou dans l’objet, ou comment ce qui est exprimé dans la réalité devient une nécessité pour la pensée. En un mot, il n’y a aucune différence entre la vérité subjective et la vérité objective ; la subjectivité et l’objectivité sont absolument identiques, et il