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LAFEMME SÉPARÉE

mentait en gros, ce qui faisait que nul ne doutait de sa parole.

Une fois, le comte Henryk nous dit qu’il avait deux chapeaux qu’il portait alternativement.

— Eh quoi ! deux chapeaux ! s’écria Mezischewski avec dédain. Lorsque j’étais à Varsovie, j’avais toujours trente chapeaux, un pour chaque jour du mois.

— Il doit avoir été bien riche, murmura Wally à mon oreille.

Avec cela, il eut l’audace de prier Julian de lui prêter deux cents florins.

— Je ne les ai pas, dit celui-ci avec un regret sincère.

— Mais moi je puis avoir, bégaya Mezischewski dans son allemand impossible.

Julian ne comprenait pas le polonais, et Mezischewski ne savait pas un mot de russe.

— Moi, trouvé homme riche, connaît votre père, vous connaît aussi. Me donnera l’argent, si vous portez caution ! Oh ! donnez signature, sans quoi moi emprisonné aujourd’hui même. Ah ! que je suis malheureux !

Suivait un déluge de larmes.

— Oh ! pourquoi moi aimer ma patrie tant que ça ? Maintenant, je vais perdre mon honneur, on m’enfermera ; c’est trop !