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SUR LES BIENFAITS.

Oui, je voudrais qu’aucun ne vous trouvât aimable,
Que vous fussiez réduite en un sort misérable ;
Que le ciel en naissant ne vous eût donné rien ;
Que vous n’eussiez ni rang, ni naissance, ni bien.
Afin que de mon cœur l’éclatant sacrifice
Vous pût d’un pareil sort réparer l’injustice,
Et que j’eusse la joie et la gloire en ce jour
De vous voir tout tenir des mains de mon amour.
— C’est me vouloir du bien d’une étrange manière!
Me préserve le ciel… (Misanthr., act. IV, sc. iii.)

7. Un tragique moderne a dit :

Vois la Thrace envahie, et de nos traits sans nombre
Vois les cieux obscurcis…

Léonidas. — Nous combattrons à l’ombre.

8. Stratus per Græciam Xerxes. Ainsi dans Racine :

Montrer aux nations Mithridate détruit.

9.

Je voudrais donc, Seigneur, que ce mortel heureux,
De la pourpre aujourd’hui paré comme vous-même,
Et portant sur le front le sacré diadème,
Sur un de vos coursiers pompeusement orné,
Aux yeux de vos sujets dans Suse fût mené.

(Racine, Esther, act. II, sc. v.)

10. Statue placée dans le Forum, et sur laquelle le plaideur qui gagnait déposait une couronne. Julie faisait de même pour chaque exploit d’un autre genre. (Voir Pline, Hist., XXI, iii.)

11. Magna civitas, magna solitudo. (Prov. latin). « Je me mêlais à la foule, vaste désert d’hommes. » (Chateaubr., René.) Voir Consol. à Marcia, x, et lettre xix.

Non, je ne vous vois point d’un regard ennemi ;
Je vous plains seulement, vous n’avez pas d’ami.
Dans ces salons pompeux où la fortune assemble
Tous ces mortels brillants ennuyés d’être ensemble,
Je me sens accabler du poids de leur langueur.
En vain je cherche un homme et j’y demande un cœur :
Dans son palais rempli le riche est solitaire.

(Ducis, Épit. à l’Amitié.)

12. Voir de la Colère, II, viii :

Ars tua, Tiphi, jacet, si non fit in æquore fluctus :
Si valeant homines, ars tua, Phœbe, jacet.

(Ovide, Trist., IV, iii.)

Ton art n’est rien, Tiphis, quand la mer est tranquille,
Aux hommes sains, Phébus, ton art est inutile.


Voir aussi Montaigne, I, xxi, et Rousseau, imitant Sénèque ou Montaigne, Émile. II. Ce qui nuit à l’un nuit à l'autre. (Vieux prov.)