quelque rapide qu’on le suppose, le prive de sa finesse et de sa saveur exquise, et le rend méconnaissable au goût de quiconque en a mangé sur les lieux, peu d’instans après qu’il est sorti des mains de l’oiseleur. Son goût pour la solitude, qu’il ne faut pas prendre pour un caractère sauvage, ne le met point à l’abri d’une foule de pièges. Il est des premiers à donner dans les pipées, les raquettes, rejets et sauterelles amorcés de baies ou de fruits. Les trébuchets et toutes les tendues d’hiver sont les écueils d’une foule de rouge gorges. (Voyez Collet, Filet à Ressort et Trébuchet.) On les attire sous le fusil, en pressant le bout du doigt entre les lèvres et le tirant avec vivacité, ce qui produit un petit bruit, zuip, zuip, qui paroît être le cri du rappel de cet oiseau, et qui met tous ceux qui l’entendent en mouvement.
Ce joli petit animal se plie à la captivité, et y conserve ce chant doux et léger dont il égaie la silencieuse solitude des forêts. On le nourrit comme le rossignol, ou simplement avec du pain émietté, du chènevis écrasé, et d’autres petites graines. (S.)
ROUISSAGE, (Économie rurale.) Il n’y a que deux manières de rouir le chanvre, qui soient généralement en usage.
Le première consiste à étendre la plante sur le pré ou le gazon, à la retourner, deux ou trois fois par semaine, jusqu’à ce que l’air, la lumière, les rosées ou les pluies aient disposé la filasse à se séparer aisément de la chènevotte. Le résultat est plus ou moins long à obtenir, suivant le temps ou l’état de l’air ; et souvent, dans certains pays, ce n’est qu’au bout de quarante jours que l’opération est finie.
La seconde consiste à faire plonger les bottes de chanvre dans les rivières, les ruisseaux, les fossés, les mares, et à les y retenir pendant huit, quinze, vingt et même trente jours, selon le degré de chaleur de l’eau ou de l’atmosphère
L’un et l’autre de ces procédés opèrent un rouissage souvent incomplets toujours inégal. En suivant le premier, le cultivateur s’expose à voir sa récolte dispersée par les vents, ou détériorée par de longues pluies ; s’il adopte le second, il court la chance d’en perdre une partie par le débordement des rivières, ou de la voir recouverte de vase. Le premier offre, sur-tout, le grave inconvénient de priver la marine nationale d’une partie du chanvre produit par notre territoire : on sait qu’elle n’emploie pas la filasse provenant de celui qui a été roui sur le pré.
Le rouissage du chanvre, par le procédé de M. Bralle, n’exige qu’un vase cylindrique en cuivre, posé sur un petit fourneau de briques.
Un routoir de ce genre, contenant deux cent quarante litres d’eau, suffit pour rouir à la fois dix-huit kilogrammes de chanvre en paille ; et, comme l’opération se fait en deux heures, on peut en rouir aisément cent kilogrammes par jour.
Les moyens employés par M. Bralle, pour le rouissage du chanvre, consistent,
1°. À faire chauffer de l’eau dans un vase, à la température de soixante-douze à soixante-quinze degrés du thermomètre de Réaumur ;
2°. À y ajouter une quantité de savon vert, proportionnée au poids du chanvre que l’on veut rouir ;
3°. À y plonger de suite le chantre, de manière que l’eau surnage ; à fermer le vase et cesser le feu ;
4°. À laisser le chanvre dans cette espèce de routoir pendant l’espace de deux heures avant de le retirer.
Le poids du savon nécessaire pour un rouissage complet doit être à celui du chanvre en baguettes, comme un est à