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lés. Si Gmelin n’a pas abusé du privilège des voyageurs, cet usage est très-singulier. (Th.)


CHANGE, (Vénerie.) Un chien courant prend le change, lorsqu’il suit une autre bête que celle qui a été lancée ; il garde au contraire le change, ou il ne tourne pas au change, lorsqu’il ne quitte pas la bête que l’on a commencé à courir, quoique, par une ruse ordinaire, elle en ait fait lever une autre de son espèce pour tromper les chiens et se débarrasser de leur poursuite. Dans ce cas, où elle pousse le change, si elle fait aller devant elle les bêtes qu’elle a mises sur pied, tandis qu’elle retourne dans ses voies ou se met sur le ventre ; ou elle va devant le change, si, après avoir fait partir une autre bête, elle perce en avant.

Les bons chiens, ceux sur-tout qui sont vieux et expérimentés, ne se méprennent point à ces ruses du gibier, ils savent garder le change. (S.)


CHANTERELLE, (Chasse aux oiseaux,) oiseau tenu en cage par l’oiseleur, pour servir d’appelant, et attirer les oiseaux sauvages dans les pièges ou les filets qui leur sont préparés. Voyez les articles Appelants, Caille, Perdrix, etc. (S.)


CHANVRE. (Voyez Rouissage.)


CHARBON DE BOIS. Il faut distinguer le charbon de la braise. Pour faire de la braise, on se contente de brûler le bois jusqu’à ce que, ne répandant presque plus de fumée, il soit en partie consume ; alors on supprime subitement la communication de l’air qui est nécessaire pour alimenter le feu, soit en couvrant les parties embrasées avec une cloche de métal, soit en le renfermant dans des boîtes de tôle, qu’on nomme étouffoirs ; le feu s’étein, et il reste une substance noire, légère poreuse, très-aisée à embraser, et qui se consume promptement sans presque former de fumée, et sans produire une chaleur vive.

Il y a deux grands défauts dans la manière de faire cette espèce de charbon : premièrement, on dépense beaucoup de bois pour obtenir peu de charbon ; secondement, ce charbon est très pourvu de parties inflammables ; ce qui fait qu’il se réduit promptement en cendres, sans produire beaucoup de chaleur. L’industrie des charbonniers consiste donc à remédier à ces inconvéniens.

Le bon charbon répand, en s’embrasant, une vapeur très-pernicieuse, et capable de suffoquer les animaux qui respirent l’air qui en est chargé. La braise n’est pas aussi dangereuse ; mais elle l’est assez pour qu’on doive en éviter les effets.

Le charbon bien cuit et bien sec ne fume presque pas ; il jette peu de flamme ; mais il peut être pénétré plus vite par le feu que le bois, qui s’y est ouvert des passages de toutes parts en chassant l’humidité. On reconnoît le charbon bien fait, lorsqu’on voit s’élever du brasier une petite flamme bleue ou violette.

L’utilité du charbon de bois n’est pas un problème ; non seulement on le brûle dans les cuisines, mais on ne peut s’en passer dans quantité d’arts, puisqu’il est d’une absolue nécessité pour l’exploitation des mines. La consommation en est très-considérable ; car un fourneau de forge consume chaque jour environ huit mesures de charbon appelées bannes. Il faut quatre cordes de bois pour faire une banne de charbon ; ainsi, un seul fourneau brûle, chaque jour, la valeur de trente-deux cordes de bois ; et, sur ce pied, un fourneau consume par an onze mille six cent quatre-vingt cordes de bois. Or, un arpent de taillis en coupe de vingt ans ne donne, à chaque coupe, qu’environ trente-six cordes de bois. Ainsi une forge consume plus de bois