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sant. Lorsque les luzernes et les sainfoins sont sur leur retour, qu’un quart ou une moitié des pieds sont morts de vieillesse ou d’accidens, ce qui arrive quelquefois, on pourroit occuper le terrain en y semant des graines de l’agrostis des champs. Il suffiroit de lui donner une dent de la herse de fer, pour l’ameublir et le rendre propre à recevoir la semence de cette plante. La fin de l’automne paroît être la saison la plus favorable à ce travail ; alors on obtiendroit, à la première coupe du printemps suivant, un foin mélangé de légumineuses et de graminées qui auroit l’avantage d’être moins échauffant que la luzerne seule, peut-être plus nourrissant et sûrement plus abondant. C’est à l’expérience à prouver si cette opinion est bien fondée.

La seconde espèce d’agrostis, indiquée comme devant fournir un bon fourrage sec, a été un peu trop vantée par un cultivateur anglais, (M. Frazer) qui l’a rapportée de la Caroline. Il la nommoit cornucopiæ, non parce qu’elle appartient à ce genre de graminée, mais parce que, suivant lui, cette plante devoit être la corne d’abondance pour les agriculteurs. Non seulement, disoit-il, elle entretient les bestiaux en bonne santé, les engraisse, augmente la quantité et la qualité du lait dans les femelles, mais encore elle rétablit promptement les animaux languissans, et procure aux chevaux une force et une vigueur qu’ils n’ont pas ordinairement. Les expériences qui ont été répétées dans différentes parties de l’Europe n’ont pas confirmé cette annonce pompeuse ; elles n’ont fait connoître qu’une plante annuelle de six à huit pouces de haut, délicate sur le choix du terrain et du climat, de bonne qualité, mais de médiocre produit. Elle est inférieure en tout à la précédente, et ne pourroit être employée que poux tirer parti des pièces de terre dans les années de jachères. Feu M. Sibthorp, fils, a nommé cette plante agrostis dulcis, parce que ses tiges sont légèrement sucrées.

Il ne nous reste plus qu’à dire un mot d’une autre espèce de ce genre, que Lamarck, dans son Dictionnaire de Botanique, a nommée, sous le n°. 6, agrostis en roseau. (Agr. arundinacea L.) Il croît sur les lieux âpres et montueux, parmi les pierres et entre les rochers, et forme de grosses touffes dont les tiges peu noueuses s’élèvent jusqu’à trois pieds. Son fanage est trop sec et trop dur pour être employé sec à la nourriture des bestiaux ; mais il a d’autres usages économiques. Les Tartares Calmoucks se servent de ses tiges pour couvrir leurs habitations, et les Lapons emploient ses chalumeaux à faire les tuyaux de leurs pipes. (Thouin.)


AICHES, synonyme d’Achées. Dans quelques cantons les pêcheurs disent aicher, pour amorcer avec des vers. (S.)


AIGAIL ou AIGUAIL. C’est ainsi que les chasseurs et les forestiers nomment communément la rosée dont les plantes dans les campagnes, et les arbres des forêts, sont chargés le matin. (S.)


AIGUILLES, (Jardinage pratique.) Les cultivateurs appellent aiguilles le pistil et les stigmates des fleurs des arbres fruitiers. Après des gelées blanches, ils examinent le pistil et les stigmates des arbres en fleurs : lorsqu’ils les trouvent noirs, ils disent que les fruits sont gelés, et les aiguilles sont gelées. Cette observation est juste. (Th.)


AIGUILLON, terme de Vénerie. C’est la pointe qui termine quelquefois à un bout les fumées des bêtes fauves ; ces fumées prennent alors l’épithète d’aiguillonnées. (S.)