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il a désigné le premier par ces mots pyrus communis, & il l’a classé dans l’icosandrie pentagynie. Tournefort le nomme pyrus, il en fait un genre à part & le place dans la huitième section de la vingt-unième classe qui renferme les arbres & arbrisseaux à fleurs en rose dont le calice devient un fruit à pépins.

Fleur en rose, composée de cinq pétales presque ronds, grands, concaves, insérés dans un calice d’une seule pièce concave, à cinq découpures ouvertes ; le milieu est garni par une vingtaine d’étamines, également implantées sur le calice.

Fruit à pépin, pomme-poire, en général presque rond, mais qui varie beaucoup dans les espèces, ainsi qu’on le verra, marqué dans son milieu par un ombilic bordé par les échancrures du calice. Le fruit est charnu, divisé intérieurement par des membranes & en cinq loges qui contiennent des pépins plus ou moins ronds, plus ou moins alongés suivant les espèces.


CHAPITRE II.

Des Espèces.

On ne doit pas prendre ici le mot espèce à la rigueur & à la manière des botanistes, mais comme des espèces jardinières (consultez ce mot') qu’on ne peut multiplier sans le secours des boutures ou de la greffe.

On compte plus de deux cents espèces jardinières, & si on ajoute encore leurs variétés, il sera bien difficile d’en assigner le terme. Je le répète, la richesse ne consiste pas dans la quantité des espèces, mais dans la qualité qu’elles acquièrent dans le canton. L’arbre qui produit un fruit médiocre ou mauvais, occupe autant de terrain & demande les mêmes soins qu’un bon arbre. Il est donc inutile de le cultiver.

On a divisé les poires en fondantes & en cassantes. Cette division est trop générale ; & un assez bon nombre d’individus, qui tiennent le milieu, prouvent son inutilité. D’autres ont classé les fruits par ordre de leur maturité. Cette manière de voir est plus rapprochée de la marche de la nature. Cependant elle n’est pas très-exacte, puisque telle espèce greffée sur coignassier mûrira beaucoup plutôt que la même greffée sur franc, en admettant toutes circonstances égales. La même espèce plantée dans un terrain léger, & dans une exposition méridionale, gagnera souvent un mois d’avance sur celle dont l’arbre végétera dans un sol tenace, bas, humide & exposé au septentrion. Les mêmes réflexions ont lieu d’un climat à un autre, d’où l’on doit conclure que toute règle fixé est absurde, & qu’on est forcé de se contenter des généralités. Cependant, comme l’ordre est indispensable, & qu’il faut partir d’un point donné, nous prendrons le climat de Paris pour terme de la maturité, & chacun ensuite le modifiera suivant la région qu’il habite. On doit encore observer que la manière d’être des saisons change souvent les règles données par les hommes.[1]

    être placés dans la même classe, & elle sera très-naturelle, puisque ces deux arbres se greffent l’un sur l’autre, & il n’en est pas ainsi du coignassier & du poirier, qui n’admettent pas la greffe du pommier. L’épine ou aubepin, (voyez ce mot) reçoit la greffe du poirier.

  1. M. Duhamel du Monceau, à qui j’ai si souvent payé le tribut de louange qu’il