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une transpiration arrêtée devient cause de maladie, il est heureux qu’elle produise un rhume plutôt que quelque maladie très-grave, comme il arrive souvent ; mais il seroit à préférer que ni la cause, ni l’effet n’eussent existé. Un rhume prouve toujours un dérangement dans les fonctions de notre corps, une cause de maladie. Il est une maladie réelle, qui quand elle est violente, porte une atteinte sensible à toute la machine ; il faut regarder tous les rhumes comme des espèces de fièvres, qui ne diffèrent de lapleurésie, de la fluxion de poitrine & de l’esquinancie, que par le peu d’intensité.

Du rhume de cerveau, ou enchiffrenement. Cette maladie, ainsi qu’il a déja été observé, n’est point dans le cerveau ; son siège est dans l’intérieur des narines, dans les sinus frontaux & maxillaires. Elle est occasionnée par une suppression de transpiration, à laquelle sont sujettes les personnes qui suent facilement de la tête, qui se promènent au serein, ou s’exposent à un courant d’air ou froid ou humide. On commence par sentir une pesanteur dans toutes les parties qui avoisinent le nez, & un engorgement dans les narines ; bientôt le malade ne peut plus se moucher, il distille des narines une humeur claire & âcre, qui s’épaissit peu à peu à mesure que l’engorgement se dissipe ; il perd l’odorat, le goût & l’appétit.

Le vrai remède est de se tenir la tête chaudement, de mettre les pieds dans l’eau avant de se coucher, & sur-tout d’exposer tout le visage à la vapeur de l’eau chaude qu’on a placée dans un vase. La tête & le vase doivent être recouverts avec des linges, afin d’empêcher l’évaporation de l’eau. On peut répéter ce bain de vapeurs trois ou quatre fois dans la journée, ayant grand soin de s’essuyer exactement aussitôt après, & de ne pas s’exposer au contact d’un air froid ou humide ; ce bain de vapeurs produit toujours un très-bon effet, pris au moment que l’on va se mettre au lit.

Des rhumes de poitrine. Ils affectent plus ou moins ce viscère, suivant son degré d’inflammation. Suivant l’intensité du mal, on supprimera les alimens trop nourrissans, & le malade se contentera de crème de riz, ou de panade, ou de pruneaux ; sa boisson sera de l’eau d’orge, édulcorée avec du miel ou avec du sucre, & acidulée avec le suc d’orange ou de citron, une décoction de réglisse peut suffire. Toutes boissons délayantes, rafraîchissantes & légèrement acides, sont indiquées dans le cas présent ; si le malade se sent pressé par le besoin de manger, on lui donnera des confitures acides avec du pain.

Le meilleur régime & le plus expéditif, est de faire rester longtemps le malade au lit, & de lui procurer une douce sueur, en lui faisant prendre quelque boisson délayant & un peu chaude ; ce moyen suffit très-souvent, & prévient presque toujours les suites fâcheuses de la maladie ; mais si on laisse le mal se fortifier par des délais, si on le néglige dans le commencement, il en résulte ou la péripneumonie, ou une pulmonie mortelle. (Consultez ces mots) Il faut cependant convenir qu’on s’écoute trop quelquefois dans les rhumes. Une personne qui pour un rhume léger se renferme dans une chambre chaude, & boit abondamment des liqueurs chaudes, donne lieu par là à un tel relâchement dans les solides, qu’il est ensuite fort difficile de