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trop près ; il en résulte que le terrain est bientôt rempli de racines ; que les plus fortes dévorent la substance des plus foibles, & que leurs arbres périssent ; à cette époque on replantera cent & cent fois, & toujours inutilement. L’arbre replanté subsistera & végétera pendant un an ou deux & même trois, suivant le diamètre & la profondeur donnés à la fosse destinée à le recevoir. Les racines des arbres voisins, attirées par cette terre meuble & nouvellement fouillée, se hâteront d’y pénétrer ; mais dès quelles auront rencontré celles de l’arbre nouvellement planté, elles les dévoreront, & l’arbre périra d’inanition : d’ailleurs, pendant le temps que le jeune arbre pousse ses nouvelles branches, celles des arbres voisins se mettent à leur aise, s’allongent & s’étendent afin de mieux recevoir les influences de la lumière & du soleil, & leur ombre étouffe le jeune arbre en le privant des bienfaits dont elles jouissent. On a, sans cesse sous les yeux, dans les promenades publiques, dans les quinconces, l’exemple du peu de succès des replantations. Le seul remède à opposer à ces abus, c’est de couper un arbre entre deux, sur toute la longueur & la largeur du quinconce. Au premier coup d’œil après l’abattis, il paroîtra de grands vides ; mais 4 ou 5 ans après, la verdure sera aussi belle que dans les premiers temps, les arbres épargnés en seront bien plus beaux, & leur existence assurée.


RÉPLÉTION. Abondance de sang & d’humeurs dans les vaisseaux, qui, en dérangeant l’ordre des fonctions, donne naissance à une infinité de maladies. On comprend encore sous cette dénomination, l’embarras de l’estomac & des premières voies, par une trop forte surcharge d’alimens. (Voyez Indigestion.) La plénitude ou réplétion est vraie & générale quand elle affecte tout le système vasculaire, & qu’elle vient de l’abondance du sang dans toute sa capacité ; elle est au contraire particulière & fausse, lorsqu’elle n’intéresse que les vaisseaux qui se distribuent à un seul organe, & qu’elle est produite par le gonflement & la dilatation du sang qui occupe un volume plus considérable que dans l’état naturel. Il en existe une autre espèce, qui attaque les forces vitales, dans laquelle les malades éprouvent beaucoup de fatigue, de lassitude, des douleurs vagues, des mal-aises, & une anxiété à la région précordiale.

En général, les personnes qui sont fortes & robustes, qui ont un tempérament vif & sanguin, qui s’adonnent à la bonne chère, & à l’usage des liqueurs fortes, sont les plus exposées à cette maladie ; celles qui ont de l’embonpoint, qui se livrent au sommeil, qui vivent d’alimens trop abondans en suc nourricier, ou qui, accoutumées à des évacuations périodiques dont la suppression aura lieu, sans être remplacées par d’autres flux, n’en sont point à l’abri. On sait que les jeunes gens qui fatiguent beaucoup, & qui pour l’ordinaire sont gros mangeurs, portent une disposition à la plénitude.

D’après cela nous admettrons pour cause de cette maladie, l’abus des six choses non naturelles, & tout ce qui pourra altérer & préparer plus vite la nourriture, & la convertir en suc nourricier. La saignée est sans contre-