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les haricots, (consultez ces mots) qu’après leur avoir donné la seconde façon. En général, les rames employées à cette opération, sont pour l’ordinaire trop courtes, pas assez branchues : plus les plantes grimpent quand la saison les favorise, plus elles sont productives. Si le sommet de leurs pousses ne trouve pas où s’accrocher, il se rassemble en touffe épaisse ; la plante y fleurit, ne graine pas, ou graine mal, & dévore en pure perte la substance de la partie inférieure de la plante. Il y a un art à bien ramer. La rame doit être fortement fichée en terre afin de ne point être ébranlée & dérangée par les coups de vent. Si les rames cèdent ou plient, les tiges sont mâchées & altérées, leur partie supérieure en souffre. Il faut ramer de manière qu’il reste toujours de l’espace entre chaque table de pois, de haricots, 1°. afin de cueillir le fruit sans piétiner les plantes ; 2°. afin de laisser entre chaque table un libre courant d’air, & afin que les plantes jouissent de la chaleur & de la lumière du soleil. (Consultez l’article Pois)


RAMIFICATION. Toute l’opération de la végétation des plantes & de l’homme, & de toute espèce de circulation, s’exécute par les ramifications. Dans l’homme, la distribution des différens vaisseaux du corps est regardée comme des branches par rapport aux rameaux qu’ils fournissent ; dans l’arbre, les branches & les racines se divisent en rameaux, & ces rameaux se partagent en d’autres plus petits. Ici, les conduits séveux ressemblent aux veines & aux artères, & jusqu’au pétiole des feuilles se divise en mille & mille ramifications afin de porter la nourriture & la vie jusqu’aux dernières extrémités de ses produits.


RAMPANT. (Plantes rampantes) On en distingue de deux espèces, celles qui rampent naturellement, & dans aucun cas ne sont pas susceptibles de s’élever à la direction perpendiculaire, telles que le chiendent, la renouée ou traînasse, &c, & celles qui rampent parce qu’elles ne trouvent, aucun soutien où pouvoir s’attacher ; parmi ces dernières, les unes s’accrochent aux tuteurs par des vrilles ou mains, telles que la vigne, les courges, les melons, les concombres, &c, & les autres à l’aide de leurs feuilles disposées en rondache, comme dans la capucine, &c. Toutes ces plantes ont besoin de tuteurs proportionnés à leurs forces, ou d’être ramées si elles sont foibles. Il faut séparer de cette seconde classe les plantes qui s’élèvent en contournant les tuteurs par leurs tiges ; telles sont, les chèvrefeuilles, le bourreau des arbres, &c ; elles ne sauroient longtemps subsister, & elles souffriroient, leurs tiges se tortilleroient sur elles mêmes ; enfin, elles feroient tous leurs efforts pour ne pas être rampantes. Les autres au contraire, telles que les melons, les courges, &c. quoique armées de mains, paroissent plus volontiers destinées à ramper, parce que le temps de leur végétation est court, & pour parvenir à une prompte maturité elles ont besoin de rester sur la superficie du sol où la chaleur est plus forte, plus active, qu’à une certaine hauteur au dessus ; malgré cette loi j’ai voulu voir jusqu’à quel point les courges réuniroient juchées sur des arbres & à la