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PTARMIQUE. (Voyez Herbe à éternuer)


PUCERON. Il ne faut point avoir fait une étude particulière des insectes, dit le célèbre M. Bonnet de Genève, le dessinateur & le peintre de la nature, pour connoître les pucerons ; il suffiroit de dire pour en rappeler l’idée, que ce sont des espèces de moucherons qui s’attachent en grand nombre aux jeunes pousses & aux feuilles des arbres & des plantes, qui les recroquevillent & y occasionnent des tumeurs d’une grosseur quelquefois monstrueuse. (Consultez l’article Galle-insecte) Les insectes sont ordinairement mieux caractérisés aux yeux de la plupart des hommes, par les dommages qu’ils causent, qu’ils ne le seroient par une description exacte.

Les pucerons en général, sont petits ; de bons yeux peuvent néanmoins distinguer, sans le secours de la loupe, leurs principales parties extérieures ; leur corps a une forme qui approche de celle de la mouche commune, c’est-à-dire, qu’il est gros proportionnellement à sa longueur ; il est porté sur six jambes assez longues & déliées ; dans la plupart des espèces, il est recouvert d’une sorte de duvet cotonneux qui transpire à travers de la peau & qui acquiert quelquefois plus d’un pouce de longueur.

La tête est petite, eu égard au corps, elle est garnie de deux antennes qui vont toujours en diminuant depuis leur origine jusqu’à leur extrémité : près de l’endroit où est placée la bouche dans le commun des insectes, celui-ci a une trompe très-fine avec laquelle il pompe le suc nourricier des plantes : lorsque le puceron n’en fait pas usage, il la porte couchée le long de son ventre ; il y en a qui l’ont si démesurément longue, qu’il leur en passe par derrière un grand bout, qui a tout l’air d’une queue : la structure de cette trompe est très-curieuse ; elle est faite de trois pièces ou tuyaux qui rentrent les uns dans les autres, à peu près comme ceux d’une lunette d’approche.

Sur le corps, à quelque distance de l’anus, sont posées, sur une même ligne, deux espèces de petites cornes immobiles, beaucoup plus courtes que les antennes & plus grosses, & qui sont singulières par leur usage ; chacune d’elles est un tuyau par lequel sort une liqueur miellée, que les fourmis recherchent & qui les attire en grand nombre sur les arbres : ces cornes, au reste, n’ont pas été accordées à toutes les espèces de pucerons, & à cet égard, on pourroit diviser ces insectes en deux classes générales ; la première, qui seroit la plus nombreuse, comprendroit les pucerons pourvus de cet organe ; la seconde, ceux qui en sont privés : dans ceux-ci on observe à la place des cornes, deux petits rebords circulaires qui ont paru à M. de Réaumur, capables des mêmes fonctions.

Enfin, parmi les pucerons, & ce qui est plus digne de remarque, dans chaque famille de ces petits insectes, il y en a qui n’ont point d’ailes & qui ne parviennent jamais à en prendre, d’autres en ont quatre semblables à celles des mouches, qu’ils portent appliquées les unes contre les autres sur le dessus du corps ; ceux-ci sont dit se métamorphoser, quand ils passent de l’état d’insectes non ailés à celui d’insectes ailés ; ce