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été dit aux articles Ados, Billon, Billonner, Labour, &c. (Consultez ces mots)


PLÂTRE ou GYPSE, c’est la même chose ; (consultez ce qui a été dit dans cet article) Voici une observation qui fera plaisir au lecteur : je la copie dans la Narration des Voyages autour du monde, par M. Pagès. L’auteur dit « que le pavé des maisons de Balsein, près de Bombay, sur la côte des Marattes, est composé de pierres molles, pilées & liées avec du plâtre, de l’huile & des blancs d’œufs. Ce pavé bien battu, est tellement lié & uni, qu’il ne fait plus qu’une même pierre d’un vernis très-luisant, de la beauté duquel nos parquets n’approchent pas. On appelle ce ciment algamasse. »

Dans quelques cantons de France, il existe une coutume qui a bien son mérite, c’est qu’aussitôt qu’on a fait la couche de pavé avec le plâtre seul, & avant qu’il soit entièrement pris, on passe par dessus du sang de bœuf, dont une partie s’incorpore avec le plâtre, & fait corps avec lui lorsqu’il achève sa cristallisation ; & lui donne enfin un degré de consistance que le plâtre n’auroit pas eue sans cette addition. Si on compare actuellement ces procédés avec ce qui a été dit à l’article mortier, on verra qu’ils ont quelque ressemblance avec les différens cimens employés par les romains.


PLEINE TERRE. On appelle cultiver en pleine terre, lorsque les plantes n’exigent ni l’orangerie, ni les vitraux, ni la serre chaude. Les seules plantes étrangères à notre climat, exigent ce secours. Parmi ce nombre, plusieurs y ont été naturalisées, & le nombre en seroit bien plus considérable si on multiplioit les semis, en commençant par nos provinces méridionales, où l’on récolteroit les graines, qui seroient semées de nouveau dans une province plus au nord, & ainsi de suite. Consultez ce qui a été dit au mot Espèce. Le mûrier fournit un exempla convainquant de l’avantage qu’il y a de semer de proche en proche. La partie méridionale de la Bretagne possède une très-grande partie des plantes & des arbustes de la Provence & du Languedoc, singularité qui tient à ses abris ; & il est plus que probable que l’on trouveroit dans le royaume des abris semblables ; c’est donc par ces endroits qu’on doit commencer les semis, & peu à peu acclimater les arbres, les arbustes dans le voisinage.

Depuis un certain nombre d’années les amateurs ont mis beaucoup d’importance à se procurer des arbres étrangers, & ils ont eu raison ; mais le cultivateur est-il dans le même cas ? je ne le crois pas. Ces arbres seront bien précieux pour lui, s’ils sont réellement utiles, ou par la qualité de leurs bois dans les arts, ou par la bonté de leurs fruits, ou enfin par l’agrément de leurs fleurs ; mais s’ils n’ont pas une de ces trois qualités, ou toutes les trois ensemble, il vaut autant pour lui que ces arbres restent dans leur pays natal, & qu’il cultive avec plus de soin ceux de son canton. Il doit abandonner aux amateurs, aux gens riches, le plaisir de faire de telles collections. Si au contraire