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une partie à la profondeur de 18 pouces, & 6 pouces restent au-dessus de sa superficie. Il faut avoir l’attention de couper à deux ou trois lignes au-dessus du dernier bouton que l’on conserve, afin que la nouvelle pousse qui sortira de cet œil, puisse aisément recouvrir la plaie, & sur cette plaie mettre de l’onguent de Saint-Fiacre, (consultez ce mot) afin de la garantir du contact de l’air ; l’œil doit rester à découvert. Les boutures demandent à être espacées au moins de trois pieds les unes des autres. Il résulte de cette distance, que l’arbre profite mieux, que les racines ont plus d’espace pour s’étendre, & que lorsque le moment de la transplantation viendra, on aura plus de facilité pour enlever l’arbre sans endommager les racines des arbres voisins.

La terre de la pépinière demande à être purgée de toute espèce d’herbes parasites, serfouie deux à trois fois, & à être arrosée au besoin, non pas beaucoup à la fois, mais assez souvent pour que la terre se maintienne fraîche.

Les pousses de la première année s’élèvent depuis 12 jusqu’à 14 pouces, suivant le climat, les saisons, les soins & la qualité du sol de la pépinière. Dans le nord du royaume, on renferme dans l’orangerie les plants venus dans des caisses & dans des pots, parce que le bois de la pousse n’est pas encore assez aoûté, & qu’il seroit endommagé par les gelées. Si les plants sont en pleine terre, on les enveloppe avec de la paille au moment que le froid commence ; ces précautions sont inutiles dans les provinces vraiment méridionales, où les gelées, lorsqu’elles ont lieu, ne commencent à se faire sentir qu’en janvier ou en février.

Si on a fait des boutures dans des caisses, dans des pots, on les met en pleine terre à la fin de l’hiver suivant, & on observe de ne point déranger la terre des racines ; mais si elles sont déjà assez considérables pour garnir la circonférence intérieure de la caisse ou du pot, on les détache doucement de la terre, & on leur donne dans la fosse destinée à les recevoir, une direction oblique qui leur permette de pivoter. Trois ans après, ces arbres auront acquis assez de force en pépinière, pour être transplantés à demeure.

Si on étoit moins pressé de jouir, je dirois à ceux qui ont le temps d’attendre, & qui aiment les beaux arbres, plantez les boutures sur le lieu même où l’arbre doit rester à demeure, travaillez convenablement le sol chaque année, donnez-lui les arrosemens nécessaires, & cet apparence de retard vous fera dans la suite gagner plusieurs années, & hâtera votre jouissance.

« Un grand moyen de faire venir le platane, dit M. Daubenton, c’est de le multiplier en couchant ses branches sans qu’il soit besoin de le marcotter. C’est le parti le plus prompt, le plus facile, le plus avantageux. La plupart des plants qu’on élève de cette façon, prennent dès la première année jusqu’à dix pieds de hauteur sur une tige droite, forte & vigoureuse, qui souvent se trouve suffisamment enracinée pour être transplantée l’automne suivante ; mais si on les laisse en place, ils s’élèveront dès la seconde année jusqu’à 14 ou