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à laine qui paissent dans les prés ou les marais salés, & qui ne sont point sujettes à la pourriture. L’usage du sel est d’autant plus utile dans cette maladie, qu’il détruit les douves ou vers cucurbitains, (voyez leur description à l’article Vers) qu’on trouve très-fréquemment du côté du foie ; dans ce cas, il est apéritif, dessiccatif, diurétique, stimulant ; propriétés qui concourent toutes au même but.

Lorsqu’on l’employe comme préservatif, l’auteur de la Médecine des bêtes à laine, conseille de le donner à la dose d’une demi-once pour chaque brebis, quatre ou cinq fois par an ; il faut que les brebis en prennent à leur volonté, c’est-à-dire, une dose honnête à la fois, & les pierres de sel qu’on leur fait lécher ne suffisent pas. Le sel doit être regardé comme le premier & le principal remède contre cette maladie ; mais comme le prognostic en est toujours fâcheux, & qu’il y a peu de ressources, lorsque la maladie est confirmée, on l’employe souvent comme palliatif, & il produit toujours de bons effets.

M. Hall regarde le sel comme un préservatif assuré contre ce mal ; lorsqu’on l’employe comme curatif, on prend une once de graine de capsicum majus, ou de graines de paradis, quatre onces de baies sèches de genièvre, deux livres de sel marin, & une demi-livre de sucre, le tout en poudre qu’on répand sur le foin ; si le mal diminue, on continue ; s’il augmente, on fait tremper quatre livres d’antimoine dans huit pintes de bière, pendant une semaine ; on donne un demi-setier de cette boisson a chaque animal, soir & matin.

M. Hasiferr, conseille de nourrir les brebis ainsi affectées, avec de la bruyère pure & sèche pendant quelques jours ; on leur donne deux ou trois fois une poignée de sel & de bourgeons d’absinthe. S’il y a des hydatides à la peau, on les ouvre & ou les lave avec une décoction d’absinthe ou de bouleau.

On a remarqué que le remède suivant produisoit un très-bon effet. On prend un gros d’antimoine, demi-gros de nitre, une poignée de bourgeons d’absinthe, qu’on pile ensemble & qu’on mêle avec 7 ou 8 poignées d’avoine, pour une brebis ; un mélange encore de deux onces d’antimoine crud, de quatre onces de baies de laurier, de quatre onces de soufre, de deux onces de nitre, & de dix livres de sel, qu’on pile & mêle ensemble dans des auges, pour le faire lécher aux brebis, est très-recommandé.

En Allemagne, on vante beaucoup la poudre de fourmis, qui n’est autre chose qu’une fourmilière avec la terre séchée au four & réduite en poudre, qu’on met dans un vase où il y a eu de la saumure ; mais il est aisé de voir que ce remède ne doit sa principale vertu qu’au sel marin, qui est le plus puissant remède qu’on connoisse dans ce cas, à cause de ses vertus diurétique & antiputride.

Les sels lixiviels, tirés des cendres des végétaux, ou des écailles d’huître, autres sels alcalis, les absorbans, l’eau de chaux, &c. sont recommandés & paraissent bien indiqués, ainsi que les plantes aromatiques, astringentes, amères, le pouliot sur-tout qui est regardé comme la panacée universelle pour les mal-