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racines se soient profondément enfoncées en terre : parvenues à ce point, les progrès de l’arbre sont ensuite très rapides. Le temps de semer est à la fin de l’hiver, chacun suivant le climat ou il se trouve, ainsi que l’époque de la transplantation, quelques-uns attendent la fin du mois d’avril pour cette transplantation ; ce ne peut être que dans les climats où la chaleur est modérée & les pluies assez fréquentes.

Le pin une fois semé en place, ne demande aucune culture particulière ; il faut le laisser livré à lui-même ; c’est un sauvage qui ne s’accoutume point à nos attentions. À mesure que la tige s’élève, il pousse des branches sur les côtés, auxquelles tient la vigueur de sa végétation ; si on se hâte de les supprimer sous prétexte de leur donner de la grâce ou de faciliter l’élévation du pied, il souffre & reste rabougri. Tout au plus doit-on élaguer sobrement celles du bas après la septième, huitième ou neuvième année. C’est au moyen de leur ombre sur la terre, c’est par l’espèce de voûte qu’elles forment entre-elles à une certaine hauteur, que le sommet de cet arbre est obligé de s’élever attiré par le soleil dont il recherche la lumière.

On ne doit pas craindre de semer épais, parce que les jeunes pins se protègent les uns & les autres, on est toujours à temps d’éclaircir les semis, & lorsque la tige commence à avoir un bon pouce de diamètre, la dépense de la suppression des pieds inutiles, est couverte par leur produit. Enfin, suivant la nature du sol, la force de la végétation, &c., on laisse les arbres espacés depuis trois, quatre, cinq jusqu’à six pieds de distance.

Lorsque par la transplantation on veut couvrir une montagne, un champ, &c. on aligne les trous qu’on a faits à la pioche, & on plante les sujets ordinairement en quinconce. Il est prudent de multiplier les trous, parce qu’il vaut mieux dans la suite supprimer que replanter. J’aimerois mieux planter par places dans une très grande étendue, que de couvrir entièrement le terrain. Une fois que ces arbres auront fleuri & grainé, ils sèmeront naturellement tout leur voisinage. Cette méthode est excellente pour les personnes qui ont le temps d’attendre, ou qui n’ont pas les facultés que demandent les grandes plantations.

Ce seroit une mauvaise spéculation de vouloir convertir un bon champ en une pinière : outre que la nature du sol conviendroit peu à cet arbre, il ne rapportera jamais autant qu’auroit produit ce champ mis en culture réglée. Nous avons en France une très-grande étendue de landes, de pays en friches, il vaut mieux y reléguer le pin ; ce seroit un beau présent à faire à la triste Sologne. Si un bon citoyen y entreprend des essais, il faut garantir l’endroit passage des troupeaux.


CHAPITRE V.

Des produits du pin.

Les tiges des jeunes pins que l’on supprime, lorsqu’elles ont d’un à trois pouces de diamètre, sont d’une nécessité indispensable, en qualité d’échalas (consultez ce mot) pour le soutien des vignes du Bordelois & des provinces voisines.

Après le mélèse & le cyprès, (consultez