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propos délibéré, plusieurs entailles semblables. J’avertis d’abord, qu’utiles aux arbres à pépins, elles ont rarement lieu pour les arbres gommeux. Cependant, en observant d’essuyer tous les jours la gomme à mesure qu’elle flue, on peut les employer pour le pêcher. Je veux affamer une grosse branche qui prend trop de {nourriture, je lui donne avec une serpe bien tranchante, un coup à cinq ou six pouces au-dessus de l’endroit de sa naissance, & je lui fais une entaille à mi-bois en-dessous ou sous le côté en biaisant. J’y applique ensuite l’onguent de Saint-Fiacre ; cette opération tient un peu de la scarification, mais les suites en sont toutes différentes. Le printemps est l’unique saison où il soit permis d’y recourir, afin que la séve soit retardée dans son cours. On peut faire plusieurs de ces entailles aux branches qui ne poussent que du bois, ainsi qu’à celles qui s’emportent trop. Ce sont des moyens violens qui ne doivent être employés qu’aux dernières extrémités.

3°. Éclater. Dans le printemps, lorsqu’une branche gourmande prend toute la nourriture, on l’éclate pour les mêmes raisons, à l’endroit fourchu d’où elle part ; on y met ensuite de l’onguent de Saint-Fiacre & des éclisses. Jusqu’à ce que la suture soit faite, la maîtresse branche & les deux que l’on a éclatées, se modèrent ; la réunion s’en fait avant l’année suivante.

4°. Tordre les arbres est une autre façon d’éclater, qui contribue beaucoup à leur fécondité. Ce moyen m’a tellement réussi, que j’ai été forcé de le discontinuer ; les arbres ne poussoient presque plus de bois & ne donnoient que des brindilles & des lambourdes. La façon de tordre est simple, & elle a lieu depuis mai jusqu’en septembre. Vous prenez une branche jeune, ou un bourgeon formé, & le serrant bien fort, vous tournez d’une main en dedans & de l’autre en dehors, comme pour défiler un cordage, jusqu’à ce que vous entendiez un craquement. Vous êtes sûr que la branche torse ne prendra de nourriture que pour sa subsistance, & qu’elle ne mourra point ; mais l’année suivante, si l’arbre est de fruit à noyau, cette branche donnera abondamment ; & s’il est à pépin, elle produira beaucoup dé boutons à fruits.

5°. Casser les branches à la taille & les bourgeons lors de la pousse. Cette opération n’a qu’un rapport éloigné avec celle que la Quintinye a qualifiée de pincement, & qu’il prescrit à l’égard des bourgeons qu’il pinçoit à cinq, six ou sept yeux en juin & juillet ; au lieu que je les casse près des sous-yeux, & que j’étends cette opération jusqu’aux branches. Je préviens d’abord que le cassement ne convient qu’aux arbres de fruit à pépin & point du tout à ceux à noyaux, si ce n’est à l’égard des gourmands surnuméraires dont on veut faire des branches fructueuses, & que l’on casse à moitié dès les premiers jours de juillet.

Deux fortes branches se présentent lors de la taille, envers lesquelles le cassement a lieu : les branches naturelles, produites par les yeux de l’année précédente, & celles des faux-bois. Nos jardiniers ravalent tous les ans sur la plus basse des branches qui ont poussé des yeux laissés à la taille précédente, en sorte que s’ils ont taillé, par supposition, à cinq yeux, chaque