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& unie ; ses bourgeons sont plus nourris, ils croisent plus promptement & font briller une éclatante verdure. Par son moyen on a du fruit en abondance pendant plusieurs années.

Le cautère s’applique sur les racines de la même manière que sur les branches ; & l’opération se fait en mars ou en avril. L’écoulement doit durer au moins quinze jours, & quand la séve n’est plus épaisse, on ferme la plaie de la même manière qu’aux branches. Ces cautères aux racines sont très-utiles pour remettre un pêcher cloqué.

4°. De la scarification. Scarifier un arbre, c’est lui ouvrir là peau en divers endroits par des incisions, afin d’attirer la séve par ces différentes plaies, & de l’empêcher de s’emporter en pure perte partout où elle est lancée trop impétueusement. La scarification est merveilleuse pour arrêter le flux désordonné de la séve, dans les arbres de pur ornement qui s’emportent, soit d’un côté, soit du haut, sur une seule branche. À l’égard des arbres à fruit à pépin, elle est d’une grande ressource pour les faire fructifier ; mais quant à ceux à noyau, il faut beaucoup de prudence pour la mettre en usage. Je l’ai souvent employée sur des gourmands d’abricotiers & de pruniers, & elle a parfaitement réussi. Il est vrai que tous les jours j’essuyois la gomme sans lui donner le temps de s’épaissir.

Le but de cette opération est de rendre féconds des arbres qui ne rapportent point, tels que des poiriers & des pruniers sur franc, dont toute la pousse est en bois ; de faire nouer les fleurs de ceux qui tous les ans fleurissent sons se nouer ; de mettre à fruit les boutons de quantité, d’arbres, qui s’allongent & ne s’ouvrent ni ne fleurissent ; de dompter en un mot le trop grand épanchement de la séve.

On la fait avec la serpette dans la peau de l’arbre jusqu’au bois, un peu transversalement du bas en haut, de la longueur de deux à trois pouces, & à la distance de cinq à six, toujours à l’opposite d’une incision à l’autre. Le temps le plus propre pour les arbres à fruits à pépin, est la chute des feuilles jusqu’au printemps, avant que la séve soit tout-à-fait en mouvement. Quant à ceux à noyaux, le printemps est la seule saison convenable : on observera d’essuyer la gomme qui ne manquera pas de fluer. L’onguent de Saint-Fiacre, bouchant ces plaies, empêchera les insectes d’y chercher une retraite.

5°. Les cataplasmes. Trois sortes de topiques sont connus des jardiniers. Les topiques simples & les naturels, tels que les terres grasses détrempées & usitées pour les greffes en fente, auxquelles on joint de la mousse ou du foin, & les diverses cires ; ensuite les topiques onctueux & graisseux : enfin, les topiques composés où il entre quantité d’ingrédiens. Ceux de la troisième & de la seconde classe, sont absolument à rejeter, ainsi que les terres grasses simples ; il faut avoir recours à l’onguent de Saint-Fiacre, (voyez ce mot) ou à de bonne terre détrempée dans de l’eau de fumier, ou au limon des mares, des égoûts.

Mes essences, mes élixirs, mes fomentations, mes lessives, sont les eaux de fumier, tirées des basses cours ; ou les eaux simples dans lesquelles je fais tremper du crottin d’animaux, qu’on remue plusieurs fois pendant quinze jours.

6°, Enfin les éclisses, les bandages,