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de chevelus. Suivant la grandeur qu’on désire à l’oseraie, on proportionne le nombre des fossés de manière qu’il se trouve au moins trois pieds de distance, encore mieux quatre pieds, entre chaque tige plantée en quinconce. Cette méthode est dispendieuse, j’en conviens, mais dans peu d’années, elle dédommage amplement des avances. La plante trouve une terre bien remuée, les racines pullulent & s’étendent sans peine, & la végétation des branches est proportionnée à la vigueur des racines.

La seconde méthode, plus simple, plus expéditive, & infiniment moins coûteuse, consiste à ouvrir un trou de deux pieds de profondeur, ou avec un piquet pointu, en y frappant dessus, ou avec une barre de fer, & on élargit ce trou autant qu’on le peut, en tournant sur elle-même la barre de fer. Ce trou, plus large au sommet qu’à la base, facilite le placement de l’osier & l’introduction d’une terre fine jusqu’à son fond ; ensuite, avec la même barre de fer on serre cette terre contre le pied de l’arbrisseau jusqu’à ce que l’on soit parvenu à combler le trou jusqu’à l’orifice : s’il reste en dedans des cavités, des espaces sans terre, la reprise sera difficile.

Les plantations ont lieu depuis le commencement de novembre jusqu’à la fin du même mois, & on fait très-bien d’attendre que les feuilles soient tombées. Si on plantoit plutôt, le bois ne seroit pas assez mûr ; lorsqu’on plante après l’hiver, comme on quelquefois obligé, la reprise n’est y est pas assurée, les pluies d’hiver tassent la terre contre le pied, & la végétation des racines commence là où le froid ne pénètre pas. Consultez au mot Amandier, les belles expériences de M. Duhamel.

Si le sol est assez mou, on peut avec la main, enfoncer l’osier à la profondeur de deux pieds ; mais il est à craindre d’endommager l’écorce.

La tige d’osier que l’on plante d’une manière ou d’une autre, doit avoir un demi-pouce de grosseur par le bas, & être bien saine : on la coupe à un pied au dessus du sol, quelques-uns lui laissent deux pieds ; je n’en vois pas la raison.

Si on ne veut pas endommager le pied, on ne commencera la première coupe des rameaux qu’après la seconde & même après la troisième année de sa plantation : cependant, si pendant cet intervalle, un rameau prenoit une croissance trop forte, trop rapide, s’il affamoit tous les rameaux voisins, il conviendroit de le ravaler à la fin de l’année près du tronc, afin de le forcer à jeter des rameaux latéraux & en grand nombre.

Après la seconde ou troisième année, on commence, aussi-tôt que les feuilles sont tombées, à couper, avec une serpette, les rameaux un à un, & le plus près du tronc qu’il est possible, afin de le forcer à faire souche. La plaie se recouvre au printemps suivant, par l’extension nouvelle de l’écorce qui forme bourrelet, (voy. ce mot) & de ce bourrelet s’élancent les nouveaux rameaux. Cette opération se répète chaque année, avec le même soin & à la même époque.

Pour entretenir une oseraie est bon état, la terre demande à être travaillée aussi souvent que celle de la vigne, c’est-à-dire, au moins trois fois dans l’année, & à être sarclée