température semblable, il ne me paroît pas bien probable que les semis aient le temps, dans la première année, de produire des pourrettes propres à la transplantation ; la chaleur n’y est pas assez forte ni assez long-temps soutenue. Alors on doit y être forcé d’attendre la seconde année, & de garantir les plançons de la rigueur du froid. Cependant je ne présente cette idée que comme une assertion dont je n’ai pas la preuve.
La pourrette plantée dans la pépinière, ne demande plus qu’à être travaillée de temps à autre, & les labours doivent lui tenir lieu d’engrais. C’est le cas de dire avec Lafontaine : Travaillez toujours, c’est le fonds qui manque le moins. Quatre, cinq ou six labours de distance en distance, & même plus encore, seront couronnés du succès. Dans les provinces du midi, où l’eau d’irrigation & les pluies sont rares, & où la chaleur est forte & soutenue, couvrez le sol avec des vannes de blé après chaque labour. La bêche est l’outil par excellence, lorsque le sol n’est pas pierreux ; le trident, s’il est caillouteux ; enfin, les pioches dans les pays où les deux premiers ne sont pas connus.
Lorsque les feuilles des arbres en pépinière seront tombées naturellement, on visitera sa pépinière, & chaque arbre en particulier. Si quelques-uns ont poussé deux tiges, on supprimera la plus foible avec la serpette, (voyez ce mot) sans laisser sur la place ni becs ni chicots ; enfin on supprimera les branches inférieures de la tige à la hauteur d’un pied & demi environ. Si, au contraire, la tige est grêle & foible, il vaut mieux receper l’arbre à deux pouces au-dessus du sol. Je demande que les feuilles soient tombées naturellement ; car, avant cette époque, toute blessure faite à l’arbre est préjudiciable, & cause une extravasation de séve, & souvent des chancres. Je sais que la coutume de plusieurs cultivateurs est d’émonder la jeune tige des rameaux inférieurs à mesure qu’il en survient. Ces rameaux ont lieu par deux causes, ou par l’abondance de séve qui excède la végétation du pied, se porte aux boutons inférieurs, & les force à devenir à bourgeons ; ou parce que la séve n’étant pas assez forte pour s’élever jusqu’au sommet de la tige, elle se jette sur les boutons inférieurs qu’elle développe. Ainsi ces bourgeons naissent ou par excès de force, ou par foiblesse. Laissez dans le premier cas subsister les bourgeons, la nature l’indique, la tige en acquerra plus de volume ; dans le second, il y a peu à espérer d’une tige qui commence déjà à rabougrir ; c’est un arbre à arracher à l’entrée de l’hiver. On trouvera surement alors ses racines attaquées par les vers du banneton, du moine, par le taupe-grillon, ou par la chancie à l’endroit des meurtrissures qu’elles auront reçues lors de la plantation de l’arbre. Cependant si, sur une tige bien venante, on en voit une seconde, ou un trop fort bourgeon qui l’affameront, il convient de couper la tige surnuméraire, ou le bourgeon qui fait l’office de gourmand, (voyez ce mot) & de recouvrir la plaie avec l’onguent de saint Fiacre. (Voyez ce mot)
Si, après la première année de pépinière, la tige n’a pas une consistance assez forte & capable de recevoir la greffe, il vaut beaucoup