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ver, & que par son évaporation il concentre l’humidité sous l’arbre : enfin, il agira dans ce cas, non comme principe échauffant, mais mécaniquement comme principe nutritif, & restaurateur des principes épuisés par la recolte des grains faite deux ou trois mois auparavant.

Les fumiers pailleux, non consommés, &c. deviennent nuisibles parce que la charrue, la pioche, &c. ne les divise jamais bien ; ils sont cependant enfouis dans la terre, & dès qu’ils sont pénétrés par les pluies à la fin de l’automne, il s’établit une nouvelle fermentation, & toute fermentation produit de la chaleur, (voyez le mot couche) Dès-lors surviennent les phénomènes cités ci-dessus pour exemple. Il me paroît que les écrivains & que les cultivateurs n’ont pas assez examiné la manière d’agir des fumiers, & n’ont pas assez insisté sur la différence des fumiers consommés, & des fumiers qui ne sont pas encore faits ou qui ne le sont pas du tout.

On objectera, sans doute, que la qualité de l’huile fournie par un arbre fumé en octobre, ne sera ni aussi fine, ni aussi délicate que si on ne lui avoit pas donné d’engrais ; cette objection est vraie dans toute son étendue ; mais si on excepte le territoire d’Aix, & quelques territoires privilégiés, ne recherche-t-on pas par-tout la quantité plus que la qualité ? Dans ce cas l’amendement produit un double effet, la quantité & l’amélioration de l’arbre. Si jusqu’à la récolte du fruit, il ne pleut pas, si la terre reste encore sèche depuis l’été, (cas assez ordinaire) le fumier bien consommé ne produira ni bien ni mal, il restera intact, puisque, pour faciliter la combinaison de ses principes avec ceux de la terre, & pour les réduire à l’état savonneux, il faut absolument qu’ils soient dissous par l’eau des pluies : sans elle il n’y a ni décomposition ni recomposition ; mais dira-t-on que L’humidité de la terre suffit ; on la suppose cette humidité, & je demande aux Provençaux, aux Languedociens, si la terre n’est pas souvent sèche, & très-sèche à plus d’un pied de profondeur à cette époque. J’aurai donc raison, dans cette circonstance, de leur répéter cet adage : corpora non agunt, nisi sint soluta. On est bien heureux dans ces provinces d’avoir, de temps à autre, ces vents de mer qui remplissent l’atmosphère d’une grande humidité ; sans elle, les oliviers & tous les arbres périroient ; ils se nourrissent par leurs feuilles. (Voyez ce mot)

On objectera encore que ce fumier sera épuisé, qu’il n’aura plus de principes, & qu’au retour du printemps l’arbre n’en retirera aucun profit. La chose n’est point ainsi, à moins qu’on n’ait laissé cet engrais sur la superficie du sol, exposé au soleil, &c. ; mais s’il a été convenablement enfoui, il ne craint plus rien. À mesure que la saison s’avance, la chaleur diminue, & les décompositions & recompositions sont plus lentes à s’établir. L’arbre profite de celles qui sont faites jusqu’à l’entrée de l’hiver, & c’est d’une très-petite partie ; c’est dans l’hiver que se préparent les grandes dissolutions, & le renouvellement de la chaleur du printemps opère les recombinerions d’où dépendent les principes séveux.

Les engrais consommés, répandus