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Aussi n’ai-je pas demandé que la terre fût enrichie par des engrais, par des labours multipliés, &c. ; mais j’ai demandé une terre légère afin de faciliter le développement & l’extension des racines substantielles, pour qu’elles pussent y trouver une bonne nourriture. En un mot, le terme pépinière ne peut pas être pris à la lettre ; on auroit dû dire l’assemblage d’un grand nombre de boutures dans un même lieu. Voilà à quoi se réduisent les pépinières d’oliviers.

Section II.

De la multiplication des oliviers.

§. I. Par semis.

Il a été dit & prouvé au mot espèce que les espèces jardinières ou du second ordre, dont on sème les graines, ne produisoient pas leurs semblables en perfection, mais qu’elles ne dégénéroient pas en la première espèce sauvage ou type ; c’est-à-dire que leurs graines produisoient des individus qui tenoient le milieu entre l’espèce sauvage & l’espèce perfectionnée, & se rapprochoient plus de l’une ou de l’autre, suivant le degré de perfection qu’ils avoient reçu. On ne doit donc pas s’attendre, en semant des noyaux d’olives, d’avoir des arbres francs ; mais ceux que l’on obtiendra auront déjà acquis un degré au dessus de l’olivier sauvage : d’ailleurs la culture dans la pépinière produira sur eux encore plus d’effet que sur ceux qui sont transportés des lieux incultes dans nos champs.

Par le semis des noyaux on obtient un grand avantage, celui d’avoir l’arbre naturel, l’arbre garni de son pivot & de toutes ses racines. J’ai insisté jusqu’ici sur la nécessité de ce pivot. (Voyez ce mot) La grande durée d’un arbre dépend de son existence ; Consultez les mots Abricotier, Châtaignier, Chêne, &c. Enfin par le semis on a tout à coup un nombre prodigieux de sujets prêts à être mis en pépinière.

Voilà le beau côté des semis, les points de vue sous lesquels on peut les présenter comme avantageux ; il s’agit actuellement de les considérer sous une face contraire.

Toute méthode quelconque de multiplier les oliviers, est beaucoup plus expéditive que celle des semis ; d’ailleurs cet arbre est si lent à croître, qu’on se dégoûte. L’imposition pèse, le sol rend peu ; l’on veut jouir, & on est pressé de jouir : telle est la solution du problème. Cependant ne sème-t-on pas des chênes, des châtaigniers, &c., arbres très-longs à la pousse ? Oui sans doute, c’est qu’on n’a pas de manières plus expéditives pour s’en procurer. Mais les semis d’oliviers donnent des arbres naturels, des arbres qui, toutes circonstances égales, deviendront plus beaux, seront moins délicats, & dureront beaucoup plus long-temps : n’est-on pas en droit de dire qu’il vaut mieux faire le sacrifice de quelques années de travail & d’attente, & se procurer ce qu’il y a de plus parfait. Quel est l’homme un peu à son aise qui ne puisse sacrifier un petit emplacement de son jardin, & supporter la dépense de cinq à six journées d’hommes chaque année ; ce qui suppose même une certaine étendue de terrain. Au surplus, je ne propose le semis de noyaux qu’aux amateurs. Je sais que plusieurs en ont