Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’écorce du tronc lui reste unie tant que l’arbre est jeune ; ensuite ou plutôt ou plus tard, suivant l’espèce d’olivier, cette écorce extérieure se ride, se dessèche, se lève par écailles, & petit à petit les écailles inférieures font détacher & tomber les supérieures. Ce ne sera pas perdre sa peine que d’enlever ces écailles en ratissant l’arbre. Les cavités qu’elles recouvrent, servent de repaire aux insectes pendant l’hiver, mais le grand mal qu’elles causent, c’est de retenir beaucoup d’humidité, & cette humidité rend l’arbre beaucoup plus sensible au froid.

L’intérieur du tronc de l’olivier est sujet à pourrir, & la pourriture gagne insensiblement du sommet jusqu’aux racines, de manière que souvent il est percé à jour. On attribue ce vice considérable au froid, aux gelées, & à mille autres causes extérieures, tandis qu’il dépend originairement de la mal-adresse du cultivateur, ainsi qu’il sera dit en parlant de la taille de cet arbre.

En supposant l’arbre couronné, ou avec sa tige naturelle, il pousse dans le premier cas des bourgeons qui sortent de son écorce ; suivant la force de leur végétation, dans la même année ou pendant l’année suivante, ces bourgeons en poussent de nouveaux opposés les uns aux autres ; par exemple, un du côté du midi & l’autre du côté du nord ; un peu au-dessus se placent deux autres bourgeons, l’un à l’est & l’autre à l’ouest, & ainsi de suite. Enfin celui qui a été le premier bourgeon devient insensiblement mère-branche, les autres branches secondaires deviennent rameaux, & les feuilles conservent le même ordre entr’elles. Il n’y a donc aucune différence dans la manière d’être de la branche-mère & celle des rameaux, sinon que les premières branches & les secondaires sont dépouillées de feuilles ; mais il s’y forme de nouveaux bourgeons lorsqu’on les rabaisse. Au surplus, cet ordre symétrique varie quelquefois.

Une partie des feuilles tombe chaque année après avoir jauni, mais au moins la même feuille tient sur l’arbre, pendant deux & souvent pendant trois années. Elle tombe lorsque la séve se dessèche à sa base, & qu’elle est désarticulée de l’endroit où elle étoit implantée. (Voyez le mot Feuille)

La feuille ne sert pas de simple ornement à l’arbre, elle est la nourrice du bouton, du germe qui paroît à sa base, & d’où sortiront de nouvelles pousses. D’après une utilité si réelle & si démontrée au mot feuille, on doit appercevoir combien il est absurde de gauler les oliviers, afin d’en abattre le fruit. Autant de feuilles l’on brise, l’on détache, autant de germes l’on tue, & cependant c’étoit de ces germes que devoit naître l’abondance.

Les bourgeons en naissant ont une forme presque quarrée, & ils s’arrondissent à mesure qu’ils augmentent. L’olivier a cette forme commune avec plusieurs arbres.

Les feuilles nourrissent encore par leur base, nommée aisselle, (voyez ce mot) outre le germe ou bouton à bois, le germe à fruit ; ces boutons sont donc pendant deux années en nourrice, si je puis m’exprimer ainsi, & ils ne sont sevrés qu’à la seconde, c’est-à-dire qu’ils épanouissent seulement à cette époque, d’où il est