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Mais on peut éviter ces dangers, en mettant les moutons à l’ombre, au milieu du jour lorsque le soleil est très-ardent ; au contraire, s’il est à craindre qu’il ne tombe des pluies froides ou de la grêle, il ne faut pas éloigner le troupeau de la bergerie, afin de pouvoir le faire rentrer & le mettre promptement à couvert s’il est nécessaire. Cela arrive plus rarement pour les moutons qui sont toujours à l’air, que pour les autres ; car dans une bergerie qui est située en Bourgogne près de Montbard, & où il n’y a point d’étables depuis plus de quatorze ans, on n’a jamais été obligé de mettre les moutons à couvert après la tonte.


§. V. Que faut-il faire de la toison, après qu’une bête à laine a été tondue ?

Ik faut exposer la toison à l’air pour la faire sécher : plus elle est séche, moins elle est sujette à se gâter, ensuite on l’étend de façon que la face qui tenoit au corps de l’animal se trouve en dessous, & l’on replie tous les bords sur le milieu de l’autre face ; on en fait un paquet que l’on arrête en alongeant de part & d’autre quelques parties de laine que l’on noue ensemble. Les toisons ainsi disposées, sont mises en tas dans un lieu sec, jusqu’au temps de les vendre.


§. VI. Des insectes qui gâtent le plus la laine. Manière de les connoître & d’en préserver la laine.

Les insectes qui gâtent le plus la laine sont les teignes. On donne ce nom à des chenilles produites par des papillons que l’on appelle aussi des teignes ; pour les distinguer des autres insectes du même nom, on les appelle teignes communes. La plupart des gens prennent les chenilles teignes pour des vers, quoiqu’elles aient des jambes comme les autres chenilles, tandis que les vers n’en ont point. Les papillons teignes se trouvent dans les maisons où il y a des meubles ou des magasins de laine ; ils ont à-peu-près trois lignes de longueur ; ils sont de couleur jaunâtre luisante. On les voit voltiger depuis la fin d’avril jusqu’au commencement d’octobre, un peu plutôt ou plus tard, suivant que la saison est plus ou moins chaude. Pendant tout ce temps les papillons teignes pondent sur la laine de petits œufs que l’on apperçoit difficilement ; c’est de ces œufs que sortent les chenilles qui rongent la laine. (Voyez Chenille.)

Les chenilles teignes éclosent pendant les mois d’octobre, de novembre & de décembre ; elles sont très-petites, & prennent peu d’accroissement pendant tout ce temps, & même elles sont engourdies, lorsqu’il fait de grands froids ; mais pendant le mois de mars & le commencement d’avril, elles grandissent promptement ; c’est alors qu’elles coupent un grand nombre de filamens de laine pour se nourrir & se vêtir.

On connoît les chenilles teignes, lorsqu’on voit sur les toisons de laine ou dans d’autres endroits, de petits fourreaux d’environ une ligne de diamètre, sur quatre ou cinq lignes de longueur & rarement six ; ces fourreaux sont un peu renflés dans le milieu & évasés par les deux bouts.