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Section II.

Des dispositions générales d’un jardin.

Le célèbre Leblond, dans son ouvrage intitulé Théorie & pratique des jardins, va nous servir de guide.

Il vaut mieux se contenter d’une étendue raisonnable bien cultivée, que d’ambitionner ces parcs d’une si grande étendue, dont les trois quarts sont ordinairement négligés. La vraie grandeur d’un beau jardin ne doit guères passer trente à quarante arpens. (Voyez ce mot) Le bâtiment doit être proportionné à l’étendue du jardin, & il est aussi peu convenable de voir un magnifique bâtiment dans un petit jardin, qu’une petite maison dans un jardin d’une vaste étendue.

L’art de bien disposer un jardin a pour base quatre maximes fondamentales. La première, de faire céder l’art à la nature ; la seconde, de ne point trop offusquer un jardin ; la troisième, de ne point trop le découvrir ; & la quatrième, de le faire paroître toujours plus grand qu’il ne est effectivement. Tout homme de bon sens voit, du premier coup d’œil, les résultats de ces quatre maximes ; leurs commentaires deviendroient inutiles & mèneroient trop loin.

La proportion générale des jardins, est d’être un tiers plus longs que larges, & même de la moitié, afin que les pièces en deviennent plus gracieuses à la vue ; une fois ou deux plus long que large, le jardin est manqué.

Voici, à peu près, les autres régles générales. Il faut toujours descendre d’un bâtiment dans un jardin par un perron de trois marches au moins ; cela rend le bâtiment plus sec, plus sain, & on découvre de dessus ce perron toute la vue générale, ou une bonne partie.

Un parterre est la première chose qui doit se présenter à la vue ; il occupera les places les plus proches du bâtiment, soit en face ou sur les côtés, tant parce qu’il met le bâtiment à découvert, que par rapport à sa richesse & sa beauté, qui sont sans cesse sous les yeux, & qu’on découvre de toutes les fenêtres de la maison. On doit accompagner les côtés d’un parterre de morceaux qui le fassent valoir, comme c’est une pièce platte, il demande du relief ; tels sont les bosquets, les palissades, placés suivant la situation du lieu. L’on remarquera, avant de les planter, si on jouit d’une belle vue de ce côté-là, alors on doit tenir ces côtés tous découverts, en y pratiquant des boulingrins & autres pièces plattes, afin de profiter de la belle vue. Il faut sur-tout éviter de la boucher par des bosquets, à moins que ce ne soit des quinconces, des bosquets découverts avec des palissades basses, qui n’empêchent point l’œil de se promener entre les tiges des arbres, & de découvrir la belle vue de tous les côtés.

Si au contraire il n’y a point d’aspect riant, il convient alors de border le parterre avec des palissades & des bosquets, afin de cacher des objets désagréables.

Les bosquets (Voyez ce mot) sont le capital des jardins ; ils font valoir toutes les autres parties, & l’on n’en peut jamais trop planter, pourvu que les places qu’on leur destine n’occupent point celles des po-