Cours d’agriculture (Rozier)/ARPENT

Hôtel Serpente (Tome premierp. 674-676).


ARPENT. C’est une mesure de surface qui sert à évaluer les prés, les bois & autres espèces de terrain. Il y en a de plusieurs sortes. L’arpent de Paris est de cent perches quarrées, & la perche est supposée de dix-huit pieds, ce qui fait trois toises de longueur. Ainsi l’arpent de Paris contient trente toises en tout sens. Dans tous les livres d’agriculture & de commerce, il n’est question que de celui-ci.

L’arpent des eaux & forêts, établi par l’ordonnance, est aussi de cent perches quarrées ; mais la perche a vingt-deux pieds. Ainsi cet arpent a 1 344  toises de superficie.

Les mesures pour le terrain sont aussi multipliées, aussi diverses que les poids & les aunages. En Poitou, l’arpent a quatre vingts pas en quarré ; à Montargis, il a cent cordes, & chaque corde a vingt pieds ; à Clermont, il a cent verges, & chaque verge vingt-six pieds. Le journal de Bourgogne approche de beaucoup de l’arpent de Paris ; car il est de trois cent soixante perches quarrées, chacune ayant neuf pieds & demi de longueur : ainsi il a 902  toises de superficie. En d’autres cantons, on mesure par bicherée ; & la bicherée delphinale n’est pas la même que la bicherée viennoise, & cette dernière est plus grande que la lyonoise. En Languedoc, on compte par septerée ; celle de Nismes est plus forte que celle de Montpellier, celle-ci moins étendue que celle de Beziers, & celle de Beziers moins étendue que celle des villages qui se circonscrivent.

J’avois commencé une concordance sur ces mesures comparées à l’arpent de Paris ; & après m’être donné beaucoup de soins, je n’ai pu parvenir à recevoir des provinces les renseignemens que j’avois demandés ; & l’ouvrage en est resté là. Je ne vois qu’un seul moyen capable d’en assurer la réussite ; c’est un ordre du roi, adressé par son ministre à MM. les intendans, & un ordre de ces messieurs aux subdélégués distribués dans leur généralité. On se procureroit encore par le même travail les renseignemens nécessaires sur les poids & les aunages : mais pour les poids, il y auroit quelques difficultés, ou plutôt il pourroit y avoir de la confusion ; car la livre du Languedoc, par exemple, est divisée en seize onces, comme la livre du poids de marc ; & cependant le quintal du poids de Languedoc ne pèse à peu près que quatre-vingts livres poids de marc. Ceux qui seroient chargés de donner des renseignemens, n’auroient qu’à comparer leurs poids avec ceux dont on se sert pour la vente du sel & du tabac, pour laquelle l’ordonnance a prescrit le poids de marc. Lorsque toutes les instructions seroient reçues, le ministre chargeroit une personne instruite de faire de ces différentes mesures & de ces différens poids un tableau de comparaison, qui seroit imprimé dans tous les papiers publics. On dit depuis long-temps que cette bigarrure de poids, d’aunage est utile au commerce. Oui, elle l’est au vendeur, mais non pas à l’acquéreur qui l’ignore ; ce qui est facile à prouver, & ce n’est pas ici le cas. On connoît par le travail de M. Cristiniani, imprimé à Brescia en 1760, & inséré dans le Supplément du Dictionnaire encyclopédique, les mesures des différentes villes d’Italie, comparées à l’arpent de Paris ; & en France, on ne se doute pas de cette comparaison relativement aux mesures des provinces avec celle de Paris, qui devroit en être le type !