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depuis le portail, n°. 3, jusqu’à l’habitation du maître. Ce pavé donne un air de propreté, empêche les petits dépôts d’ordure, qui sont autant de foyers de putridité. Une forte pluie tient cette cour toujours propre & nette ; & au défaut de pluie, on l’arrose & on la balaie. Un Maître attentif & ami de l’ordre, ne doit jamais y laisser plus de vingt-quatre heures aucun encombrement. Sans cette vigilance assidue, & sur-tout dans les commencemens, jusqu’à ce que tous les gens de la métairie soient accoutumés à l’ordre & à la propreté, cette cour sera dans peu le réceptacle général de tous les immondices. Après la pureté de l’air, la propreté est le point le plus essentiel pour la conservation des hommes & des animaux.

Si on me demande pourquoi, entre chaque corps de bâtimens, j’en laisse un composé d’un simple rez de chaussée, contradiction apparente avec la remarque faite ci-dessus sur les métairies composées de bâtimens de rapports, ou faits après coup ? je répondrai : 1°. c’est afin d’établir de grands courans d’air, quelle que soit la direction des vents, & de procurer la salubrité à toutes les habitations. 2°. Ces alternatives de toîts hauts & bas, facilitent l’établissement des soupiraux dans toutes les écuries, remises, &c. dès-lors la santé des animaux, & la conservation des outils, instrumens aratoires, &c. Je regarde ces soupiraux, comme absolument indispensables, sur-tout dans les provinces du midi, & dans les cantons humides. On en sent aisément les raisons, sans les détailler ; au surplus, consultez les mots Bergeries, Écuries, &c. 3°. Si par malheur un incendie se manifeste dans un bâtiment, on n’a jamais à la campagne les ressources & le monde nécessaire, je ne dis pas pour l’éteindre, mais seulement pour empêcher ses grands ravages. Dans ce cas désastreux, on abat à côté du pavillon incendié, la toîture du rez de-chaussée, & on coupe aussi-tôt toute communication à l’incendie. Ainsi, on ne sacrifie qu’une partie, pour conserver la totalité. Mais, dira-t-on, il est rare de voir des incendies. Ils peuvent arriver ; donc le plus sûr est d’en prévenir les suites fâcheuses.

Je n’ai supposé qu’une seule porte d’entrée, soit pour le maître, les valets, soit pour les animaux de toute espèce, afin que le propriétaire voie de ses fenêtres tout ce qui entre ou ce qui sort. C’est un des moyens les plus efficaces pour ne pas être volé, & pour prévenir les voleries. Il y a plus, si la nécessité exige que quelques fenêtres soient toujours ouvertes, & qu’elles donnent sur l’extérieur de la cour, je voudrois qu’elles fussent fermées avec des barreaux de fer, & grillées. Ces précautions seront un obstacle aux tentatives des voleurs qui voudroient s’introduire par-là dans la maison, & l’on empêchera par ce moyen la communication qu’ils pourroient avoir avec ceux qui s’y seroient glissés pendant le jour. On m’objectera que je porte la méfiance bien loin ; que je suppose les valets & autres gens de service bien corrompus. J’en conviens ; mais en les supposant honnêtes, on ne risque rien de leur ôter les occasions de devenir des pillards. Il ne faut qu’un seul valet pour déranger tous les autres ; payez-les, nourrissez-les bien, donnez-leur des gratifications proportionnées à leurs travaux, &