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dans le réservoir immense de l’atmosphère… On doit conclure encore, que toute habitation près d’un cimetière, près des lieux marécageux, & de tous ceux où les corps éprouvent une fermentation, soit spiritueuse, soit putride, est mal placée. De là, résulte la nécessité d’en éloigner les fumiers, & en général tout ce qui vicie l’air. Consultez les mots Étang, Aisance (fosses de).

Il y a plusieurs moyens de désinfecter les endroits qui le sont : l’eau, la fumée, le feu, l’établissement d’un courant d’air nouveau, & certains procédés, lorsque l’air est devenu vraiment méphitique.

On a vu au mot Air fixe, que l’eau s’en chargeoit à peu-près de moitié de son volume. Ainsi, les lavages à grande eau sont utiles, & malheureusement trop peu employés.

Au mot Fumée, on a renvoyé à celui de Fumigation, & ce dernier a été oublié. Il convient d’en parler ici. Pendant les épidémies & les épizooties, la coutume est de faire brûler dans les lieux infectés, des herbes & arbrisseaux aromatiques, tels que le genévrier, la lavande, le thym, &c. On ne détruit point l’air méphitique, la fumée le masque pour un temps, sur-tout si l’endroit est clos & bien fermé. Mais si on établit un courant d’air rapide pendant l’ignition de ces plantes, alors cette fumée devient méchaniquement salutaire, parce qu’elle entraîne avec elle l’air fixe. Voilà pourquoi les cheminées sont si avantageuses dans les appartemens, par le courant d’air extérieur qu’elles occasionnent, qui renouvelle celui du dedans, & qui, enfin, est entraîné par lui dans le tuyau de la cheminée. On a donc le plus grand tort de boucher, pendant l’été, l’ouverture de la cheminée, sous prétexte de décoration, ou par tel autre motif de ce genre. De ces courans d’air dépend la salubrité des appartemens.

C’est encore ainsi que le feu, pendant l’hiver, renouvelle l’air par l’activité que la chaleur & la flamme donnent au courant qui passe dans la cheminée. Si pendant les chaleurs, un malade dans son lit, vicie l’air par sa transpiration, souvent empestée ; si on craint mal-à-propos de renouveller l’air de sa chambre, il faut, dans ce cas, établit du feu dans la chambre voisine, & il attirera le mauvais air de l’autre. Il vaudroit beaucoup mieux ouvrir les fenêtres, établir un courant d’air naturel, laisser les rideaux du lit ouverts, sur tout dans toutes les maladies putrides, ayant cependant soin de défendre le malade de l’impression du froid. S’il n’y a point de courant d’air, c’est poignarder l’homme malade & l’homme en santé, que de placer dans sa chambre un brasier de charbons allumés & très allumés, quoiqu’on soit dans l’habitude de mettre, dans le milieu, de vieilles ferrailles, sous prétexte de s’opposer aux qualités délétères du charbon allumé. Le feu, dans ce cas, change l’air atmosphérique, déjà un peu vicié outre mesure, en véritable air mortel. Ne voit-on pas chaque année, une multitude de personnes périr par la vapeur de ces brasiers, quoique bien allumés ? Une quantité de lampes, de chandelles, de bougies allumées, produisent des effets aussi sinistres, toutes les fois que l’air n’est pas renouvelle.

Si, par maladie contagieuse, une chambre, une écurie, bergerie, &c.