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cette sève ; ce qui est prouvé par le bourrelet établi au-dessus & non au dessous de la ligature. (Consultez l’article Bourrelet, il est essentiel.)

Si les bourrelets ne sont bien formés qu’à l’approche de l’hiver, il convient d’attendre jusqu’après la sève du printemps de l’année suivante ; mais s’ils sont caractérisés, & sur-tout dans les provinces du midi, on doit faire la marcotte avant l’hiver, par les raisons énoncées ci dessus.

C’est à l’expérience à prouver si ce bourrelet suffit à la naissance des racines, ou s’il faut absolument inciser la branche comme on incise une tige d’œillet. Il est impossible d’établir ici une règle générale. Chaque arbre, chaque plante demande, pour ainsi dire, un traitement différent. Le bourrelet & l’incision sont deux méthodes assez sûres, ou séparément, ou toutes deux réunies.

Une autre méthode, qui rentre dans celles dont on vient de parler, puisqu’elle est fondée sur la naissance du bourrelet, consiste à choisir une branche gourmande & bien nourrie, ou telle autre ; mais pas trop vieille. À quelques pouces au-dessus de cette branche, on cerne l’écorce sur une largeur de deux à trois lignes, & on répète la même opération deux ou trois pouces plus haut. On prend ensuite de l’onguent de Saint-Fiacre (Voyez ce mot), dont on recouvre les playes faites par l’enlevement de l’écorce, & on recouvre le tout avec de la filasse. Le temps pour faire cette opération est à la fin de la sève du mois d’août. La branche reste dans le même état sur l’arbre pendant l’année suivante, & elle donnera du fruit comme les autres. À la fin d’octobre de la seconde année, cette branche sera coupée à un pouce au-dessous de la plus basse incision, & mise en terre, de manière que le bourrelet supérieur ne soit pas recouvert.

Dans tous les cas, on ne doit jamais séparer une marcotte du tronc principal, sans être assuré auparavant, par une fouille, qu’elle a pris racines, & qu’elles sont assez fortes pour se passer du secours de leur mère. Il vaut mieux attendre une année de plus. Trop de précipitation, un désir immodéré de jouir, font que l’on risque souvent de perdre des arbres précieux.

Toutes les marcottes dont on vient de parler, supposent nécessairement la facilité de plier les branches, de les coucher en terre, d’y assujettie la partie qui doit former le coude & le redressement de la tige au-dessus de la fosse. Mais comme on n’a pas toujours ces facilités, c’est à l’art à venir au secours des circonstances.

Supposons que le tronc d’un arbre soit élevé de plusieurs pieds au-dessus, de terre, & que ses branches ne puissent pas être inclinées. On choisit alors une ou plusieurs branches sur cet arbre, & on le tire un peu en dehors : Alors, fixant en terre plusieurs piquets à la hauteur de l’arbre, on en entourre ces branches, au moins deux ou trois pour chacune, suivant la force des coups de vent du climat que l’on habite, & la pesanteur & le volume du vase qu’ils doivent soutenir. Si les branches qui doivent être marcottées, n’ont point de rameaux, on les fait passer par le trou placé au fond du vase, on assujettit le vase, & après l’avoir rempli de terre, & l’avoir arrosé, on le couvre de mousse. Si la branche est rameuse, & qu’on ne veuille pas