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tourte, tourteau le résidu des fruits ou amandes donc on a extrait l’huile. Le marc de raisin est un excellent engrais pour les oliviers. Les bœufs, les vaches, les chevaux, le mangent avec avidité, quand il est encore frais : les pépins servent de nourriture à tous les oiseaux de basse-cour. Le marc a beau être soumis au pressoir le plus actif, il retient toujours une certaine portion vineuse & d’esprit ardent. Dans plusieurs endroits on le distille. (Consultez le mot Distillation, pour en connoître les procédés, & ceux qui sont les plus avantageux au marc ; consultez également le mot Fermentation, afin d’apprécier jusqu’à quel point les grappes sont utiles ou nuisibles à la qualité du vin.)


MARC. (poids) dont on se sert en France, & dans plusieurs États de l’Europe, pour peser diverses sortes de marchandises, entr’autres l’or & l’argent. Ce fut environ en 1080 qu’on introduisit dans le commerce & dans les monnoies le poids de marc : presque chaque pays avoit le sien ; & enfin ils furent réduits au poids de marc sur le pied qu’il est aujourd’hui.

Le marc est divisé en huit onces ou soixante-quatre gros, cent-quatre-vingt-douze deniers, ou cent-soixante esterlins, deux cent-vingt mailles, ou quatre mille six cent huit grains. (Voyez le mot Livre.) Deux marcs font la livre. Tout ce qui se vend au nom du Roi, l’est au poids de marc ; tabac, sel, &c.


MARCOTTE. Branche quelconque, tenant au tronc, que l’on couche en terre, afin qu’elle y prenne racine. Elle diffère de la bouture, en ce que celle-ci est séparée du tronc, lorsqu’on la met en terre. Cette opération peut-être considérée sous deux points de vue, ou comme travail en grand, utile à l’agriculture, ou comme travail des amateurs, afin de multiplier des arbres, des arbrisseaux & des plantes rares. La base de cette opération porte sur ce principe ; toutes les parties d’un arbre peuvent être converties en branches ou en racines. Ce principe est confirmé par la suite des belles expériences de M. Hales, & d’un grand nombre d’auteurs qui les ont faites avant, ou après lui. La majeure partie des arbres, dont les branches sont couchées dans une fosse, & recouvertes de terre, prennent racine, parce que l’écorce de ces branches est parsemée de rugosités, de mammelons d’où partent les nouvelles racines, ou bien elles auroient produit des boutons dans la suite, si elles eussent resté exposées à l’air. Outre ces mammelons, à peine visibles à l’œil, on découvre sans peine, sur l’écorce de la branche, les proéminences formées par les boutons & par celles de la base de la feuille, & cette feuille nourrit chaque bouton pendant la première année, & à la seconde il devient bourgeon ou nouvelle branche. (Voyez le mot Bourgeon)


Section première.

Des marcottes des cultivateurs.


Elles sont d’un avantage inappréciable lorsqu’il s’agit de regarnir les clairières faites dans les forêts, dans les bois, dans les taillis, &c. ; & même c’est la seule manière de repeupler les places vides, à moins que leur espace ne soit très-vaste & très étendu. Dans ce cas ce seroit une