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plaie avec de la charpie chargée d’un digestif très-simple, fait avec la térébenthine, le jaune d’œuf & l’huile d’hypéricum, jusqu’à ce que les chairs se soient bien détergées, & la suppuration bien diminuée ; les chairs ne tardent pas à pousser de tout côté des bourgeons charnus, qui, en se réunissant, opèrent une cicatrice parfaite.

Quoique cette opération soit bien simple, & aisée dans son exécution, elle entraîne cependant quelquefois après elle la fièvre, des maux de tête, des insomnies, des agitations quelquefois alarmantes. Pour éviter ces inconvéniens, ou du moins pour en diminuer la violence, on doit auparavant préparer les malades par des bouillons adoucissans & des boissons rafraîchissantes ; on doit aussi prévenir la sensibilité du sujet, & calmer l’irritation de ses nerfs par quelques bains tiédes ; la saignée sera mise en usage s’il est sanguin & trop pléthorique ; s’il y a de l’embarras dans les premières voies on le purgera, afin de prévenir une maladie putride, que la fièvre accidentelle pourroit déterminer.

L’extirpation est une opération que les gens de la campagne ne peuvent pas pratiquer ; elle pourroit avoir les plus grands inconvéniens entre leurs mains, sur-tout si la loupe étoit fixée sur quelque nerf, artère, veine ou tendon ; on aura recours aux gens de l’art. M. Ami.

Loupe. Médecine vétérinaire. La loupe est une tumeur charnue, graisseuse, formée non-seulement par le séjour des humeurs dans une partie, mais encore par l’accroissement & la multiplication des fibres & des vaisseaux de cette partie.

On appelle lipome la loupe qui occupe le tissu graisseux, tandis que celle qui dépend de l’engorgement des glandes porte le nom de squirrhe. (Voyez ce mot)

La chirurgie vétérinaire nous offre plusieurs ressources pour la guérison de ces sortes de tumeurs : la résolution l’extirpation, la corrosion & l’amputation.

Ce dernier moyen nous paroît préférable à tous les autres, & l’on procède à l’opération de la manière suivante : on prend la loupe à pleine main pour la détacher, le plus qu’il est possible, du corps qu’elle occupe, & avec un bistouri, on fait à la base de la tumeur une section circulaire ou demi-circulaire ; on continue d’inciser entre la peau & les parties voisines, jusqu’à ce qu’on l’ait entièrement séparée, & on emporte la loupe.

La tumeur emportée, il ne reste qu’une playe large & platte, qu’il suffit de panser avec des étoupes cardées, que l’on contiendra par des cordons passés dans les bords de la peau ; le lendemain de l’opération on pansera la plaie avec le digestif animé, & on la cicatrisera comme un ulcère ordinaire. (Voyez Ulcère)

S’il survient quelqu’accident à la suite de l’amputation, tel que l’hémorragie, on peut l’arrêter par la compression & par tous les autres moyens indiqués à cet article. (Voyez Hémorrhagie)

La loupe, que l’on remarque assez souvent au coude du cheval, vient de ce que cet animal se couche en vache, c’est-à-dire, lors qu’étant cou-