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bon liége, sont d’être souple, pliant sous le doigt, élastique, point ligneux ni poreux, de couleur rougeâtre. Le jaune est moins bon, le blanc est le plus mauvais. Quant aux proportions qui constituent un bon bouchon, voyez ce qui est dit au mot Bouchon.

On lit dans le journal économique, du mois de juin 1771, une observation de M. Ruden Schueold, conseiller de commerce en Suède, qui mérite d’être rapportée. Il dit que la cire vierge, & blanchie au soleil, mêlée avec du suif de bœuf, bien nettoyé, (deux tiers de cire & un de suif) communique au liége trempé deux ou trois fois dans ce mélange, la propriété nécessaire pour ne laisser aucun passage aux parties les plus subtiles des liquides les plus forts & les plus spiritueux. Chaque fois qu’on aura trempé le bouchon dans ce mélange, il faudra le mettre, le côté le plus large en-bas, sur une pierre, ou sur une plaque de fer, & le tenir ainsi dans un four chaud, jusqu’à ce qu’il soit parfaitement sec. Si on fait bouillir le liége dans cette mixtion, il acquiert plutôt la vertu dont il s’agit ; mais il perd une partie de sa flexibilité & de son élasticité. Au moyen de cette préparation, le liége ne laisse échapper aucune partie volatile de quelque liqueur que ce soit. Il est vrai qu’à la longue l’eau-forte le ronge ; mais il résiste beaucoup plus longtemps. Les bouchons ainsi préparés ne donnent aucune odeur au vin, au lieu que les bouchons d’Angleterre qu’on fait bouillir dans l’huile, lui en communique une désagréable.


LIENTERIE. Médecine Rurale. La lienterie est une espèce de flux de ventre, dans lequel on rend les alimens cruds, immédiatement après les avoir mangés.

D’après cette définition, il est aisé de connoître cette maladie ; outre que ceux qui en sont attaqués, rendent, par dévoiement, les alimens tels qu’ils les ont pris, ils sont extrêmement dégoûtés, quelquefois même ils éprouvent une faim canine, & une chaleur intérieure ; ils ressentent à la région de l’estomac, des épreintes, qui les jettent souvent dans des défaillances : à cet état succède assez ordinairement un accablement général, un grand abattement des forces, qui réduit les malades à un état extrême de sécheresse ; enfin, au marasme. Par les symptômes dont on vient de parler, on peut croire que la lienterie a son siège dans l’estomac ; il paroît même qu’il est seul affecté ; ce qui le prouve, c’est la qualité & la nature des matières alimenteuses que les malades rendent par les selles, & qui n’ont subi aucun changement.

Une infinité de causes concourent à produite cette maladie ; de ce nombre sont la foiblesse des fibres de l’estomac, leur inaction, le relâchement extrême de ce viscère ; son irritation portée au dernier degré ; le défaut de ressort & de faculté rétentrice. Des poisons reçus dans sa cavité, & l’âcreté des sucs gastriques peuvent encore occasionner la lienterie ; elle peut dépendre aussi d’une diathèse scorbutique, & venir à la suite d’un ulcère de l’estomac, & de quelque autre longue maladie, telle que la dyssenterie & une diarrhée. On ne doit pas oublier dans l’énumération des causes de cette maladie, l’usage des alimens grossiers & de