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premier la nomme lactuca silvestris costa spinosa, & le second lactuca virosa.

Fleur B. Offre un des demi-fleurons donc la fleur totale est composée. Ces demi-fleurons hermaphrodites reposent sur un réceptacle nud, au fond d’une enveloppe commune, représentée en D. Le pistil C occupe le centre du tube ; il est composé d’un ovaire, d’un stile, dont la longueur égale celle du tube, comme on le voit en B, & de deux stigmates recourbés en arc.

Fruit E. Succède à chaque demi-fleuron ; l’aigrette qui le couronne est soutenue par un pédicule assez long, qui adhère à la semence, sans faire corps avec elle. Les semences F sont représentées dépouillées de leurs aigrettes ; elles sont ovales, comprimées & pointues.

Feuilles. Oblongues, étroites, garnies de poils, armées d’épines le long de leur côte qui est blanchâtre. Il y a une variété, à feuilles très-découpées.

Racine A. Plus courte, plus petite que celle des laitues cultivées.

Port. Tige rameuse, blanchâtre, plus grêle, plus sèche que celle de la laitue cultivée, souvent épineuse ; les fleurs sont rassemblées au sommet, & les feuilles alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Le bord des chemins, les murailles ; fleurit en mai ou juin, suivant les climats. La plante est annuelle.

Propriété. Elle est très-laiteuse, un peu amère, plus apéritive & plus détersive que la laitue cultivée, & ses propriétés sont les mêmes. Je vais les décrire, afin de ne pas y revenir lorsque je traiterai des laitues cultivées. Les feuilles appaisent la soif fébrile, dit M. Vitet, la soif occasionnée par de violens exercices ; elles tempèrent la chaleur de tout le corps, particulièrement des intestins, des voies urinaires & des ardeurs d’urine. Les feuilles apprêtées en salade, offrent une nourriture agréable, rafraîchissante & capable de s’opposer à la tendance des humeurs vers la putridité. Les cataplasmes de laitues cuites sont très-émolliens. L’eau distillée de la plante, que l’on conserve & que l’on vend dans les boutiques, n’a pas plus d’efficacité que l’eau simple de rivière ou de fontaine.

Un métayer économe fait rassembler avec soin les feuilles de laitues qu’on enlève, en nettoyant la plante destinée à devenir son aliment & celui des valets de la métairie. Il arrose ces feuilles avec un peu de vinaigre, les saupoudre légèrement de sel, & les donne, pendant les grandes chaleurs, à ses bœufs & à ses chevaux qui en sont très-friands. Il peut encore y ajouter de l’huile ; cette préparation réveille l’appétit de ces animaux, les rafraîchit & prévient la putridité.


CHAPITRE PREMIER.

Des laitues cultivées.


Le nombre des variétés de cette plante est prodigieux & s’accroît chaque jour, parce que les laitues ne sont point des espèces premières, mais des espèces jardinières, (Voyez ce mot) susceptibles de perfection ou de détérioration, suivant le climat, le sol & la culture qu’on leur donne. La plus grande partie est composée d’espèces hybrides. (Voyez ce mot,) & leur mélange tient à d’autres mélanges antérieurs des étamines, (Voyez ce mot.) Ainsi,