Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus de profondeur : c’est un point de fait facile à vérifier.

Après avoir passé par le tamis, ou par un linge serré, le lait qu’on vient de traire, on le porte à la laiterie, pour le vuider dans les terrines placées sur les hauteurs d’appui dont on a parlé, ou par-terre sur le sol carrelé. Le peu de profondeur du vaisseau lui fera perdre plus facilement la chaleur qui lui aura été communiquée par le lait, & la crème montera plus vite. L’ascension de la crème dépend de la saison & du climat : huit à dix heures lui suffisent ordinairement. Si on la lève trop tôt, on en perd beaucoup qui reste mêlée avec le lait ; trop tard, elle commence à travailler, & le beurre en est moins bon, & plus fort au goût. Plus la crème est nouvelle, meilleur est le beurre. (Voyez ce qui a été dit au mot Beurre, sur la manière de le faire.)


LAITRON doux ou épineux. (Voyez planche IV, page 122) Tournefort le place dans la première section de la treizième classe des herbes à fleurs à demi-fleurons, dont les semences sont aigretées, & l’appelle sonchus lævis, laciniatus, latifolius. Von Linné le nomme sonchus oleraceus, & le classe dans la singénésie polygamie égale.

Fleur à demi-fleurons, ordinairement jaunes, quelques fois blancs, hermaphrodites. B représente le demi fleuron ; C, le filet qui sort du demi fleuron ; D, le fruit sur lequel il porte ; E, le placenta montré à découvert dans le calice sur lequel il porte. Les écailles du calice sont linéaires, inégales, lisses & placées en recouvrement les unes sur les autres.

Fruit. Semences solitaires, un peu oblongues, couronnées d’une aigrette simple le réceptacle est nud.

Feuille. Sans pétiole, embrassant la tige par la baie, plus large que le reste de la feuille, terminée en pointe, qui est plus ou moins découpée, & épineuse suivant les variétés.

Racine A. grêle, longue, fibreuse, blanche.

Port. Tige creuse, haute d’un à deux pieds, cannelée, rameuse, pleine d’un suc laiteux & blanc ; les fleurs naissent au sommet, soutenues d’un pédoncule velu ; les feuilles alternativement placées sur les tiges.

Lieux. Très-commun dans les sols cultivés, dans les bons terreins, le long des chemins ; la plante est annuelle, & fleurit pendant tout l’été. Lorsque la plante végète dans un sol riche & travaillé, elle perd ses épines.

Propriétés. Cette plante a un goût amer. Elle est rafraîchissante, apéritive, adoucissante. Son plus grand usage est en décoction pour les cataplasmes. Comme elle devient parasite dans nos champs, qu’elle s’y multiplie beaucoup, il faut l’arracher & la détruire, séparer la partie supérieure de celle qui est terreuse, & la porter dans le râtelier des bœufs, des vaches, des cochons. C’est une très-bonne nourriture pour ces animaux. Quelques auteurs ont prétendu que l’infusion ou la décoction de cette plante augmentoit le lait des nourrices, mais c’est une erreur.


LAITUE sauvage. (Voyez planche IV, page 122.) Tournefort & Von Linné la placent dans la même classe que la plante précédente. Le