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pèce de contradiction qu’on rencontre dans les descriptions de cet animal.


JUMENT. (Voyez Cheval.


JUSQUIAME ou Hanebane Potelée. (Voyez pl. III, page 102). Tournefort la range dans la première section de la première classe des herbes à fleur en entonnoir, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle hyosciamus vulgaris vel niger. Von Linné la nomme hyosciamus niger, & la classe dans la Pentendrie Monogynie.

Fleur ; d’une seule pièce en forme de tube B, évasé & divisé en cinq segmens obtus. Dans la figure C elle est représentée ouverte, & laisse voir les cinq étamines dont elle est pourvue. Le pistil est placé au fond du calice D à cinq segmens ovales & pointus.

Fruit E ; il reste caché au fond du calice : c’est une capsule de la forme d’un petit vase couvert : elle est partagée en deux loges par une cloison, comme on le voit dans la figure F, où le couvercle est représenté renversé. Cette capsule renferme des semences G inégales, aplaties, ridées.

Feuilles ; amples, molles, cotonneuses, découpées profondément sur leurs bords, & elles embrassent la tige par leur base.

Racine A ; épaisse, ridée, en forme de navet, brune en dehors, blanche en dedans.

Port ; tiges hautes d’une coudée, branchues, épaisses, cylindriques, couvertes d’un duvet épais : les fleurs sont entourées de feuilles ; les feuilles placées alternativement sur les tiges, & quelquefois sans ordre.

Lieu ; les endroits pierreux, le long des chemins : la plante est annuelle, & fleurit en mai & en juin.

Propriétés ; toute la plante a une odeur forte, désagréable, puante ; sa saveur est nauséabonde & âcre. L’odeur des semences récentes est virulente, d’une saveur fade & nauséabonde. Toute la plante est assoupissante, vénéneuse, anodine, résolutive.

L’extrait des feuilles pris à haute dose, cause des anxiétés, des maux de cœur, une espèce d’ivresse, un sommeil inquiet, le vomissement, & quelquefois des convulsions… À dose médiocre, il rend la tête lourde, le ventre libre, & souvent excite l’appétit, sans faire éprouver de vives douleurs dans la région épigastrique. Il a réussi plusieurs fois dans la folie & dans les maladies convulsives. Les autres qualités qu’on lui suppose, ne sont pas bien constatées. Il faut beaucoup de prudence pour prescrire un tel remède ; on donne l’extrait depuis un grain jusqu’à vingt, exactement mêlé avec trois parties de sucre. On regarde son suc mêlé avec du lait comme un bon gargarisme contre les angines.

La seule inspection d’une plante en fleur, annonce en général ses propriétés : on doit se méfier de toutes celles dont l’odeur est nauséabonde, de celles dont la fleur a une couleur mal prononcée, triste & brune.