Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fruit ; silique longue, canelée, séparée par une cloison membraneuse de la longueur des battans ; les semences ovales, aplaties, rousses.

Feuilles ; ovales, en forme de lance, à légères dentelures, avec de courts pétioles.

Racine ; petite, en forme de navet, blanche.

Port ; tiges de deux pieds de hauteur environ, rondes, velues, remplies de moëles, droites, simples, ou rameuses. Les rameaux naissent des aiselles des feuilles. Les fleurs naissent au sommet des tiges, & les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu ; originaire d’Italie ; cultivé dans nos jardins. La plante dure deux ans.

Cette plante varie dans nos jardins pour la couleur de sa fleur ; sur des pieds elle est blanche, & violette sur d’autres. À force de soins, on est parvenu à la rendre double & très-double. Elle produit alors un très-bel effet dans les platte-bandes d’un jardin & dans des vases. Ces plantes n’exigent aucune culture particulière ; elles aiment la terre-meuble & très-substantielle : on en sème la graine après l’hiver.


JUMART. On trouve dans Cardan plusieurs particularités sur cet animal, qui tiennent presque toutes de la fable. Nous nous bornerons seulement à dire que le jumart naît toujours d’un accouplement entre les races du bœuf & du cheval, c’est-à-dire, du taureau & de l’ânesse, ou bien de l’âne & de la vache ; qu’il n’a ni corne, ni ongle fendu, ni quatre estomacs ; que sa queue est plus grosse que celle de l’âne ; & qu’on en exige le même travail.

Cet animal devant donc être regardé comme un véritable âne, consultez cet article, relativement aux usages auxquels il est destiné, à la manière de le nourrir, & à ses maladies. Il est extrêmement fort. (Voy. Âne). M. T.

M. de Buffon nie la possibilité de l’existence de cet animal, à cause de la trop grande ligne de démarcation qui sépare ses générateurs, & il regarde le jumart comme un être chimérique. On convient qu’il n’est pas commun, parce qu’on ne s’occupe point assez du soin de croiser les espèces. Cependant, malgré la décision du Pline françois, on peut & on doit être très-persuadé de l’existence des jumarts. Pendant très-longtemps il en a existé un à Lyon, qui traînoit la charrette dans toute la ville, &, si je ne me trompe, on en voit encore un à l’école vétérinaire d’Alfort.

Je sais & je conviens que l’autorité de M. de Buffon doit être d’un grand poids ; mais ce célèbre naturaliste n’a pas été dans le cas de tout voir, de tout examiner par lui-même. Cependant, si on doute encore de l’existence des jumarts, on peut consulter les lettres de M. Bourgelat, insérées page 546 du tome troisième des Considérations sur les corps organisés, par le célèbre & exact observateur M. Charles Bonnet, de Genève. Dans la vallée de Barcelonnette, les jumarts ne sont pas rares, & on les y appelle jumerre. Tous ces animaux ne sont pas égaux ; ils tiennent quelquefois plus du bœuf que de l’âne, & ainsi tour-à-tour. Cette diversité dans la conformation, a été l’origine de l’es-