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accompagnés du défaut d’appétit, de la diminution des forces vitales & musculaires, de la maigreur, de l’enflure des jambes, & de l’évacuation modique des urines.

Cette maladie est très-difficile à guérir, parce qu’elle reconnoît pour principes, l’obstruction du foie ou du pancréas, ou de la rate, ou du mésentère, &c.

La première indication qui se présente à remplir, est d’évacuer la sérosité contenue dans le bas-ventre & dans le sang ; donnez donc fort peu à boire au bœuf & au cheval, tenez-les dans une écurie sèche, déterminez l’humeur surabondante à prendre la route des urines, en passant sur le champ à l’usage des résolutifs & des diurétiques ; en conséquence, faites prendre à l’animal le suc de pariétaire à la dose de cinq ou six onces par jour, ou la décoction de racine de chardon-roland, d’asperges & de fraisier, à laquelle vous ajouterez demi-once de sel de nitre par pinte d’eau. J’ai été témoin des effets surprenans d’un breuvage composé de suc d’oignon & d’eau de vie, administré à une vache atteinte d’une hydropisie de cette espèce.

Cinq ou six jours après l’emploi de ces remèdes, administrez un purgatif composé d’un gros de jalap, d’autant de diagrède, de demi-once d’aloès, & de demi-once de sel de nitre, incorporé dans suffisante quantité de miel. Cet hydrologue est préférable au mercure doux, & à l’euphorbe. On a observé que cette dernière substance échauffe, irrite, cause des coliques violentes, & met l’animal en danger de mourir.

Mais il arrive souvent que ces remèdes n’ont produit aucun effet sensible, quoique leur usage soit bien indiqué, que le ventre se remplisse de plus en plus d’eau, & qu’il se distende considérablement. Il reste encore, pour dernière ressource, la ponction qui est une ouverture pratiquée au bas-ventre, de la même manière ci-dessus décrite, avec cette différence néanmoins que la ponction avec le trocar doit être faite dans l’espace compris entre les dernières fausses côtes, & les os pubis. En faisant cette opération, il faut avoir égard aux forces de l’animal qui se trouvent toujours affaiblies, dès que l’on évacue une trop grande quantité d’eau à la fois. Il vaut donc mieux deux jours après, réitérer la ponction, pour évacuer le reste des eaux, en ayant l’attention, dans l’intervalle de chaque opération, d’appliquer sur la plaie, de l’étoupe cardée, sèche, & assujettie avec un emplâtre de poix.

3o. De l’hydropisie du scrotum. Lorsque l’eau s’épanche dans le scrotum, entre le darlos & le testicule, nous disons qu’il y a hydropisie dans cette partie,

Cette maladie étant ordinairement produite par l’enflure œdémateuse des jambes, & par toutes les causes qui donnent lieu à l’hydrocèle, nous croyons devoir renvoyer le lecteur à ce mot. Quant aux signes & à la curation, voyez Hydrocèle.

4o. De l’hydropisie des moutons. Ces animaux sont sujets à une espèce d’hydropisie par épanchement qui devient très-fréquente parmi eux, lorsqu’ils paissent dans des lieux bas & humides, ou couverts de rosée, ou enfin, dans