Cours d’agriculture (Rozier)/HYDROCÈLE

Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 591-594).


HYDROCÈLE, Médecine Rurale. On entend par hydrocèle, un amas d’eau, ou d’un autre fluide dans le scrotum.

L’hydrocèle est divisée en hydrocèle par infiltration, & en hydrocèle par extravasation.

On croit que L’hydrocèle qui attaque la membrane cellulaire du scrotum, est produite par infiltration, & que celle qui se forme dans les membranes du scrotum, est l’effet d’une extravasation.

Je suis de l’avis de Sharph, & de Bertrandi, qui n’en admettent que deux espèces ; savoir, celle où l’eau est logée dans la membrane cellulaire du scrotum, & l’autre où elle est contenue dans la tunique vaginale du testicule. Les coups, des chutes, les compressions fortes, & tout ce qui peut s’opposer au retour du sang dans les circonvolutions des veines qui forment le plexus pampiniforme, peuvent produire cette maladie.

Elle peut dépendre de la rupture, ou du relâchement des vaisseaux secrétoires, ou d’une irritation qui excitera une sécrétion excessive de ce fluide.

L’hydrocèle peut encore venir des vaisseaux absorbans qui ont perdu la faculté de rapporter dans le sang, la portion convenable de ce fluide après la sécrétion, d’où s’ensuit une accumulation.

Il est souvent symptôme d’un épanchement d’eau dans la cavité du bas ventre, ou d’une leucophlegmatie.

Ceux qui sont attaques d’hydrocèle, ont le scrotum tuméfié & distendu, sur-tout s’il y a dans cette cavité une trop grande quantité d’eau épanchée ; on y observe une rénittence au toucher. Cette tumeur est quelquefois molle ; elle est tantôt diaphane, & tantôt fort trouble, sur-tout si le liquide qu’elle renferme est épais & peu clair ; elle est indolente ; l’impression du doigt n’y reste pas long-temps, & l’on y sent de la fluctuation. Dans ses progrès, elle couvre la verge au point qu’elle ne paroît souvent que par la peau du prépuce ; elle devient quelquefois si grosse, que le raphé partage le scrotum en deux parties inégales.

L’hydrocèle est une maladie très difficile à guérir, sur-tout si elle est invétérée ; elle expose ceux qui en sont atteints aux plus grand risques de perdre la vie.

L’art ne manque point de ressources pour la combattre ; le plus souvent elles n’ont aucun succès, & il faut avoir recours aux moyens cruels que la chirurgie indique. Néanmoins, avant d’en venir à ces dures extrémités, on peut se proposer, & avoir pour objet, 1°. l’évacuation de l’eau ramassée dans le scrotum, ou dans les parties qui y sont contenues ; 2°. la fonte & la résolution des embarras qui reproduisent cette maladie. On pourra parvenir à ces fins en appliquant sur le scrotum, des topiques résolutifs, tels que l’eau végéto-minérale de Goulard, animée de quelques gouttes d’eau-de-vie ; les cataplasmes faits avec la fleur de sureau & de souci ; l’application des linges imbibés d’une forte décoction de feuilles de sauge, & de romarin ; celle de l’eau où les maréchaux à forge éteignent le fer rougi au feu ; la terre cimolée des couteliers. Les boues des eaux thermales sont des résolutifs puissans, qui, aidés des remèdes hydragogues & diurétiques, pris intérieurement, peuvent produire les effets les plus salutaires ; les bouillons d’écrevisses altérés avec les plantes chicoracées ; la gomme-gutte donnée à petite dose, & combinée avec l’alcali de soude, sont des remèdes assez énergiques pour n’en pas négliger l’emploi.

Quand ils ne réussissent point, & que l’hydrocèle ne diminue point de volume, il faut se tourner d’un autre côté, & se soumettre aux moyens que la chirurgie met en usage pour guérir cette maladie.

La cure est palliative ou radicale ; la première ne peut convenir que dans l’hydrocèle simple, & qui n’incommode que par la matière fluide épanchée. Elle consiste à vider de temps en temps l’eau qui remplit le scrotum, par une simple ponction faite avec le trocar.

La cure radicale, d’après Bertrandi, s’opère par la contraction que produit la cicatrice, & par l’adhérence universelle des tégumens du scrotum l’un à l’autre, & au testicule même ; lesquelles adhérences ne resserrent point seulement les vaisseaux qui fournissent l’eau de l’hydrocèle, mais abolissent encore la cavité qui la recevoit auparavant. Pour y parvenir, la chirurgie emploie l’incision, l’excision, la cautérisation du sac, l’usage du séton, celui de la tente, & enfin les injections.

On voit quelquefois des tumeurs de cette espèce se dissiper & disparoître en entier, sans que cet événement soit dû à l’action d’aucun médicament.

C’est une chose très-rare ; & le plus souvent on se trouve dans la nécessité d’avoir recours à une main habile. Comme l’application de ces moyens que la chirurgie emploie, exige l’attention la plus réfléchie, & un homme de l’art expérimenté, nous n’entrerons dans aucun détail ; nous nous contenterons d’avertir le lecteur d’y avoir recours ; le plutôt n’est que le mieux : le défaut de réussite tient souvent au peu de cas qu’on fait des maux qui nous paroissent légers dans leur principe, & qui dans la suite deviennent incurables. M. AMI.


Hydrocèle, Médecine vétérinaire. Lorsqu’il y a un amas d’eau dans la tunique vaginale du testicule, nous disons que l’animal est atteint d’une hydropisie de la tunique vaginale, d’hydrocèle. La tumeur est ronde, indolente ; depuis le moment qu’elle commence à paroître, on ne la voit presque point diminuer ; elle augmente pour l’ordinaire peu à peu, elle devient plus étendue sans devenir transparente ; quelquefois en portant les doigts sur la partie, & en la comprimant légèrement, on découvre la fluctuation de la liqueur, mais le plus souvent, cette fluctuation est peu sensible.

Les causes qui donnent lieu à l’hydrocèle, sont les coups, les chutes, les fortes compressions, le relâchement de la tunique vaginale, produit par un vice particulier des humeurs. En 1770, je vis, à l’École Vétérinaire, un vieux cheval qui avoit des boutons de farcin tout le long de la jambe du montoir de derrière, accompagnés d’une hydrocèle caractérisée par tous les signes que je viens de décrire.

Lorsque l’hydrocèle commence à paroître, il faut débuter par l’application des résolutifs en fomentations. On se servira donc de feuilles de rue, de sauge, dans le vin ou l’eau-de-vie. La liqueur étant chaude, on en bassinera les bourses, & on en appliquera même des compresses qu’on soutiendra par un bandage en forme de suspensoir, & qu’on renouvellera de quatre en quatre heures. Mais, malgré l’application de ces topiques, la tumeur paroît-elle s’accroître ? loin de vous décider pour la castration, ainsi que quelques auteurs le conseillent, faites, au moyen d’un bistouri, une petite incision dans la partie la plus déclive de la tumeur, & injectez dans l’ulcère, du vin miellé jusqu’à parfaite guérison.

On doit bien comprendre que ce traitement est insuffisant, lorsque l’hydrocèle reconnoît pour cause un vice particulier des humeurs, tels que le virus de la morve, du farcin, &c. (voyez Farcin, Morve), & qu’il n’est possible alors de le guérir, qu’en combattant la cause principale par les remèdes qui lui sont propres. M. T.