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de l’huile. Ces substances ont une union lâche.

C’est de la désunion des principes que naît la réaction de l’huile essentielle sur l’huile grasse, la séparation du mucilage, sa fermentation & sa putréfaction ; enfin, de ces différentes réactions combinées, la rancidité ; en un mot, le tout est le résultat de la perte & de l’évaporation de l’air fixe par les suites de la fermentation.


Section IV.

Des moyens de prévenu la rancidité.


Ce que j’ai dit dans les Chapitres précédens sur la fabrication & la conservation des huiles, s’applique à l’objet présent. Il ne me reste plus qu’à ajouter quelques objets de détail.

On a imaginé plusieurs moyens pour prévenir la fermentation du marc & ses effets. Le plus prompt & le plus simple, sans doute, seroit de soutirer souvent les huiles, ainsi que je l’ai dit ; mais la crainte d’en perdre, l’avarice, la négligence & les préjugés s’opposeront toujours à l’emploi de ce moyen.

Si on a pu imiter artificiellement des eaux minérales, aérées, connues sous le nom d’acidules, il est possible, sans doute, de reproduire l’air dans une huile grasse, qui le perd journellement. Il ne faut, pour empêcher cette séparation & le dépôt de son mucilage, que renfermer dans le fond du vase, avec l’huile, une éponge trempée dans une pâte un peu liquide, formée d’un mélange de deux parties d’alun en poudre, & d’une craie appelée de Champagne ou d’Espagne, ou de tout autre terre absorbante, qui aura plus d’affinité avec l’acide, l’alun, que la terre argileuse n’en a avec elle-même. Il se formera alors une nouvelle décomposition & une combinaison lente de ces sels ; mais, comme il ne se fait, dans ce genre, aucune nouvelle union, qu’il ne se dégage en même temps beaucoup d’air fixe, l’huile s’appropriera cet air à mesure qu’il s’échappera ; ainsi, cet air étranger supplée à celui que l’huile perd insensiblement. Je l’ai déjà dit, l’alun est un sel insoluble dans l’huile, & par conséquent on n’a rien à craindre de sa qualité styptique. (Voyez le mot Alun). Si malgré cet avantage, l’huile faisoit encore un dépôt mucilagineux, ce dépôt étant répandu dans les cavités & dans les cellules de l’éponge, se trouve en plus petites masses rassemblées ; il est, par cette raison, moins disposé à la fermentation.

Il faut que l’éponge soit plus large que haute, & qu’elle occupe en assez grande partie le fond du vaisseau. Chaque fois que l’on soutire l’huile, on enlève ces éponges chargées du dépôt, on les lave, les nettoye, & on les prépare de nouveau. On feroit très-bien, à chaque soutirage, d’agiter les huiles avec une dissolution d’alun dans l’eau. Ce sel s’unit à la terre du mucilage.

Une autre méthode empêche les huiles de rancir. Elle consiste à ajouter une plus grande quantité de mucilage doux, qu’elles n’en contiennent ordinairement, pour parer d’avance à la perte qu’elles en feront dans la suite. Le sucre est la seule substance qui puisse être employée avec facilité. Il faut le faire dissoudre par trituration & à froid, dans