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sécher, comme il a été dit ci-dessus ».

» J’ajouterai, continue l’auteur de ce mémoire, la méthode proposée par M. de Buffon »… Afin d’éviter des répétitions inutiles, consulter le mot Aubier ; & à la page 76 du Tome II, vous trouverez une suite de belles expériences de MM. Duhamel & de Buffon.

Je ne suis pas à même de répéter les expériences indiquées dans ces méthodes, parce qu’il ne croît point de hêtres dans mon voisinage, sinon, dans la haute chaîne de montagnes qui traverse le Languedoc de l’est à l’ouest ; mais je ne crains pas de dire, par analogie & d’après les expériences que j’ai faites sur d’autres arbres, qu’il n’y a aucune proportion entre écorcer sur pied, & les autres méthodes. Cependant flamber le frêne après qu’il a été écorcé & grossièrement débité est une opération bien vue, parce qu’elle empêche que ce bois ne se gerce, défaut qui le met souvent hors d’état de servir, & il en est ainsi pour tous les bois sujets à se gercer. J’ai trouvé dans les manuscrits que M. de M****, a eu la bonté de me confier, que dans la haute Alsace on commençoit à pratiquer l’écorcement. Quand cette sage pratique sera-t-elle suivie dans toutes nos provinces !

La bonté du bois de hêtre dépend beaucoup du sol, & de l’exposition où il végète. Il est dans l’ordre de la nature, que tout arbre qui pousse très-vite doit avoir un bois très-poreux, & que sa compacité dépend de la lenteur de son accroissement. Ainsi, un chêne, un hêtre &c., venus dans un terrain humide, gras & très-substantiel, n’égaleront jamais en bonté quoi qu’infiniment plus beaux de quille, un même arbre qui aura végété dans une exposition du midi, sur une colline & sur un sol moins productif. Ces observations sont importantes à faire toutes les fois qu’on est dans le cas de faire de grosses emplettes de bois de charpente, & sur-tout lorsqu’on est à même de choisir les pièces sur son domaine.

Si on cultive cet arbre, ainsi qu’on le pratique dans les haies (voyez ce mot) de Normandie, & principalement du pays de Caux, il vient beaucoup plus vite, & donne une tige ou quille de la plus grande netteté. & de la plus belle hauteur ; mais il y a des sols où cet arbre fantasque ne prospère pas comme dans ceux des pays limitrophes.

On peut semer le hêtre aussitôt que la graine est mûre, tombe, & lorsque son enveloppe s’ouvre, ou attendre après l’hiver, mais avoir le soin de la conserver dans du sable pendant l’hiver. Si on sème en automne, & c’est le mieux, on doit redouter la voracité des mulots & d’autres animaux très-friands des faines. On peut semer en pépinière ou sur place, après avoir cultivé le terrain. (Consultez ce qui est dit au mot Chataignier). La culture & la conduite des plants sont les mêmes pour l’un comme pour l’autre ; il faut cependant observer que le hêtre, souffre difficilement la transplantation, & qu’il vaut beaucoup mieux le semer à demeure : ses poussées seront languissantes, foibles, pendant les trois à quatre